A quoi sert l’€ster (anciennement Eonia), concrètement ?
Produits d’épargne comme le Livret A, crédits en tous genres, découverts ont ceci en commun ; outre d’être des contrats bancaires ; de se voir assorti d’un taux. Celui-ci est fixé en se basant sur les indices de références tels que l’Eonia puis ensuite l’€ster. Les taux interbancaires servent de jauge aux établissements bancaires pour maitriser le cout, bien entendu mais aussi le bénéfice généré sur des produits bancaires qui supposent une longue durée.
En fonction de la fluctuation du marché monétaire, le taux d’intérêt augmente, baisse ou stagne, au regard des publications de l’€ster. Les titres à taux variables, par exemple sont des produits dérivés qui impliquent une certaine part de risque qu’il s’agit d’anticiper. Quand ce n’est pas possible, les multinationales qui effectuent ces transactions financières se protègent grâce à l’€ster.
Fin d’Eonia, apparition d’€ster : historique
Quand on a évoqué l’idée de mettre en place une monnaie unique, l’Euro, il fallait un taux de référence du marché monétaire de la zone Euro. Pour cela, une idée germe : se baser sur les déclarations de banques exerçant des transactions importantes au sein de cet espace.
On choisit donc un panel d’établissements et l’indicateur exploite les données récoltées qui facilitent les ententes entre les banques quand elles doivent se prêter de l’argent entre elles. C’est ainsi qu’est né l’Eonia, avec une première cotation le soir du 4 janvier 1999, divulguant ainsi le taux moyen qui se pratique entre banques.
Dans les années 2010, plusieurs scandales financiers éclatent : le taux de l’Eonia a été manipulé (tout comme celui de l’Euribor, à la même période), ce qui laisse à penser qu’il n’est plus un indicateur fiable et crédible. Il est important de le remplacer par un autre, plus sûr. Pour cela, on va procéder à une nouvelle méthodologie de calcul d’un « taux en euros à court terme » et adopter un règlement ; pour des indices de références plus fiables : Benchmark ou règlement 2016-1011 voit le jour.
Le protocole de calcul est validé par la BCE (Banque Centrale Européenne) en juin 2018 après une concertation auprès des différents acteurs du marché (le fameux panel de banques), mais aussi des régulateurs de marchés qui se portent garants de l’intégrité de la formule.
C’est dans cette optique qu’elle change pendant une période s’étirant du 2 octobre 2019 à la fin de l’année 2021, pour disparaitre, au profit du nouvel indicateur qui porte donc le nom d’€ster. Cet acronyme désigne les termes anglais « Euro Short-Term Rate ». La transition implique de prendre en compte la différence de calcul entre l’EONIA et l’€ster. Ainsi, chaque matin à 9h15 du lundi au vendredi, on prend l’habitude de publier l’Eonia en ajoutant 8.5 PDB (points de base) sur le cours de l’€ster.
Le calcul journalier de l’Eonia
L’IMME (Institut des Marchés Monétaires Européens) ; une organisation indépendante qui a pour travail de gérer les différents indices interbancaires comme l’Euribor (dont nous allons parler plus loin) ; avait missionné la BCE (Banque Centrale Européenne) pour le calcul journalier de l’Eonia, et ce, jusqu’à la fin du mois d’octobre 2019. En octobre 2017, c’était ainsi un panel de 28 établissements dont 5 français qui transmettait des informations sur la journée en cours, relatives aux prêts « non garantis par une contrepartie et pondérés selon les volumes traités ».
C’est en tenant compte de ces informations, sur une base de 360 jours, avec trois décimales, que le taux de l’Eonia était diffusé chaque soir, mais accessible au grand public seulement le lendemain. Cette diffusion faisait écho aux jours d’ouverture de Target 2 (Trans-european Automated Real Time Gross Settlement Express Transfer), le système de règlement interbancaire.
Cette plateforme a pour vocation de permettre des transactions importantes dans l’Eurosystème, sachant qu’elle n’est partagée que par les banques centrales nationales et la Banque Centrale Européenne. Pourquoi 360 jours et non 365 ? Tout simplement parce que Target 2 ne fonctionne pas certains jours de l’année, généralement fériés comme le jour et le lendemain de Noël, par exemple.
Eonia et Euribor : quelles différences ?
Quiconque s’est déjà un peu intéressé à ce qu’est l’Euribor peut s’interroger sur les ressemblances entre ces deux indices. Pourtant, ils ne sont pas à confondre. Pour l’Euribor, on prend en compte 5 maturités différentes (c’était bien plus à sa création), alors que l’Eonia a une durée de placement au jour le jour. Autre différence fondamentale de l’Euribor, par rapport à l’Eonia : le fait qu’il soit un taux proposé ou offert au marché et non un taux pratiqué dans la journée.
Qu’est-ce que le T4M et le TAM ?
€ster, avant Eonia : n’y avait-il rien, avant ces deux indicateurs ? En fait si. Afin de calculer le T4M ou TMM ou Taux Moyen Mensuel du Marché Monétaire, on utilisait le TMP (pour Taux Moyen Pondéré). On retrouve ici le calcul initial de l’Eonia sur le mois, en fonction du nombre de jours calendaires du mois (plus court en février, par exemple qu’en janvier), en prenant chaque jour, du taux Eonia journalier, sauf pour le week-end où l’on reprend trois fois le taux publié le vendredi soir.
NB : L’autre différence entre le TMP et l’Eonia est le nombre de décimales. Trois pour l’Eonia, 4 pour le TMP.