Bonne nouvelle : le PER (Plan D’Épargne Retraite) est l’un des produits d’épargne qui peut en partie apporter une réponse à cette problématique. Ce contenu est purement informatif et répond à des fins pédagogiques. Il ne s’agit en aucun cas de conseils en investissement. Nous vous recommandons de vous adresser à un professionnel agrémenté pour tout besoin d’accompagnement.
Définition du PER
Le PER (Plan d’Épargne Retraite) désigne en fait 3 formes de produits d’épargne distincts :
- Le PER individuel (PERin),
- Le PER d’entreprise collectif (succède au PERCO),
- Le PER d’entreprise obligatoire (anciennement contrat article 83).
Ces 3 formes remplacent depuis le 1er octobre 2019 les anciens contrats, respectivement le PERP et contrat Madelin (plus disponibles depuis le 1er octobre 2020), le PERCO et le contrat article 83. Le but d’un tel produit est d’épargner à long terme pendant sa vie active pour obtenir un capital ou une rente au moment du départ en retraite. Nous allons nous focaliser dans cet article sur le PERin, puisque c’est le plan d’épargne retraite qui peut être ouvert à la seule discrétion de l’épargnant.
Principes généraux du PER
Le PERin est un produit d’épargne ouvert à tous, quel que soit sa catégorie socio-professionnelle (salariés, indépendants…) et son âge*. Il permet d’investir son épargne via des supports d’investissement garantis (fonds euros) ou non garantis en capital (Unités de Compte, traditionnellement appelées “UC” par les initiés). Ces derniers permettent un investissement sur les marchés actions ou obligataires. Il peut donner lieu à l’ouverture d’un compte-titres ou permet l’adhésion d’un contrat d’assurance de groupe.
Comme son nom l’indique, l’objectif du PER est de se constituer une épargne en vue de la retraite. Il est donc impossible de retirer les fonds placés avant l’arrêt de sa vie active, sauf condition dérogatoire prévue par le contrat (chômage, invalidité, mariage, décès du conjoint, achat de la résidence principale…). L’épargne accumulée ainsi que les gains générés constituent une cagnotte que vous pourrez toucher au choix sous 2 formes :
- Rente : Vous percevez une somme d’argent à intervalle régulier à vie qui vient s’ajouter à votre revenu imposable (après abattement de 10% et déductions en fonction de votre âge),
- Capital : Vous touchez vos économies en une fois (après fiscalité).
Sachez qu’il n’existe aucun plafond de versement pour un PER !
* Nouveauté 2024 : À partir du 1er trimestre de cette année, plus possible pour les enfants et jeunes de moins de 21 ans d’ouvrir un PERin. À la place : le Plan épargne avenir climat, qui a pour vocation de financer des projets liés à la transition vers un monde plus durable.
La gestion de l’épargne
La plupart des gestionnaires de PER proposent une gestion pilotée. Le souscripteur a le choix entre plusieurs profils de risque et choisit celui qui lui convient le mieux. Plus le départ en retraite est estimé comme éloigné, plus il est recommandé d’augmenter la pondération de l’épargne allouée à des actifs plus risqués et potentiellement plus rémunérateurs. Au fil de l’approche de la date de sortie, le portefeuille peut être progressivement redéfini (arbitrages automatiques) pour diminuer la partie risquée.
Pour les épargnants les plus aguerris, il reste tout à fait possible d’opter pour une gestion libre et de décider soi-même à 100% de l’allocation d’actifs de son portefeuille.
L’avantage fiscal qu’il faut impérativement connaître
N’y allons pas par 4 chemins : le gros avantage du PER réside surtout dans la possibilité de réaliser une déduction fiscale annuelle de votre revenu imposable sur la base des versements réalisés sur le plan. L’équation est donc simple : plus vous épargnez, plus vos économies d’impôt sont importantes.
Tout au long de la vie du contrat, l’épargnant réalise régulièrement des versements volontaires qui peuvent être déduits chaque année du revenu net imposable. Considérons la déclaration d’impôt sur le revenu de 2024 (donc pour des versements ayant eu lieu en 2023).
Pour les salariés
Au choix :
- 1ère déduction : 10% du PASS (plafond annuel de la sécurité sociale) de l’année N-1 (2023), soit 43 992 x 0,10 = 4399 € minimum, quel que soit le revenu imposable.
- ou 2ème déduction : 35 193 € maximum.
Pour les travailleurs indépendants
- 10% de la fraction du bénéfice imposable dans la limite de 8 fois le PASS (plafond annuel de la sécurité sociale) de l’année N-1 (2023), soit 43 992 € x 8 = 351 936 €, soit 35 193 €.
- 15% de la fraction du bénéfice imposable compris entre 1 et 8 fois le PASS, soit un montant déductible plafonné à 52 790 €.
Comme ces deux plafonds sont cumulables, un travailleur non salarié (TNS) peut ainsi déduire un maximum de 87 983 € en 2024. Sachant que si vous n’avez pas utilisé tout votre plafond 2023, 2022 et 2021, vous pourrez l’ajouter à votre plafond 2024 (dans la limite de 3 ans).
Quelle réduction d’impôt possible ?
Passons maintenant à un petit exemple simplifié pour comprendre l’ampleur des réductions d’impôt possibles. Amandine est salariée et a versé 3000 € sur son PER en 2023. Voici la réduction d’impôt qu’elle peut escompter selon son Taux Marginal d’Imposition :
Taux marginal d’imposition (TMI) en % | Réduction d’impôt 2024 effective (après déduction des 3000 €) |
---|---|
30 | 900 € |
41 | 1230 € |
45 | 1350 € |
Vous l’avez compris : le PER est tout indiqué pour les épargnants dont la TMI (tranche marginale d’imposition) est déjà élevée.
Les inconvénients du PER
Si l’avantage fiscal est un excellent argument pour ouvrir un PER, il ne faut pas faire l’impasse sur ses inconvénients.
- Tout d’abord, les sommes déductibles sont plafonnées.
- Ensuite, l’avantage du PER est proportionnel aux impôts que vous payez chaque année. Statistiquement, peu de personnes atteignent des revenus annuels qui les font basculer à une TMI à + de 30 ou 41%. C’est pourtant là que les déductions du revenu imposable gagnent en intérêt et peuvent engendrer des réductions d’impôt exponentielles.
- Si le PER permet à la clé une déduction fiscale assez significative au fil des années, il faut savoir que le montant total des versements volontaires déduits est imposé au barème de l’impôt sur le revenu en cas de sortie en capital. Le bénéfice fiscal est donc comme “récupéré” à la fin par l’administration…
Avis de l’expert
Attention aux frais… La plupart des sociétés spécialisées qui commercialisent le PERin prélèvent au moins des frais de gestion annuels qui s’appliquent sur l’encours total et qui peuvent sensiblement peser sur la performance à long terme. Certaines appliquent même des frais de versement ou encore des frais d’arbitrage*… En tant qu’épargnant, il convient d’être particulièrement attentif à cette dimension.
*Frais variables en fonction des établissements
Déterminer ses objectifs d’investissement
Pour accompagner son client dans la détermination de ses objectifs, un conseiller financier professionnel se base au moins sur 4 caractéristiques essentielles :
- Les besoins de liquidité,
- L’horizon d’investissement,
- Les contraintes fiscales,
- Les particularités personnelles (pas d’investissements dans certains secteurs pour des raisons religieuses et/ou éthiques, préférence pour des investissements durables, etc.).
Il distingue aussi la capacité à prendre des risques (objective) et la volonté de prendre des risques (relatif et personnel).
Une personne qui a de gros revenus, un important reste à vivre et aucun besoin de liquidité à court terme a objectivement une forte capacité à prendre des risques… Mais ce n’est pas une raison pour les prendre s’il n’est pas psychologiquement prêt à en prendre (mauvaises décisions en cas de marchés volatils).
La gestion des fonds de votre PER doit impérativement correspondre à vos aspirations et votre profil investisseur. Il paraîtrait donc imprudent de choisir une allocation 100% UC si votre tolérance au risque est faible. En finance, le risque peut être interprété de multiples façons. La plupart du temps, il s’agit :
- des probabilités qu’un préjudice financier arrive,
- ou de la “volatilité”, c’est-à-dire des probabilités de changement de la valeur liquidative de votre portefeuille au gré des conditions de marché.
Fiscalité, sortie en rente ou sortie en capital ?
Difficile de répondre à cette question de manière tranchée : tout dépend des objectifs de l’épargnant, de sa situation fiscale et de son profil (projets, connaissances en produits financiers…). Il est vrai : la théorie financière sur la valeur “temps” de l’argent peut parfois faire pencher la balance du côté de la sortie en capital en une fois. Le capital ainsi sorti est tout à fait disponible pour en jouir directement ou bien pour essayer d’en tirer une rente (certes non garantie) en toute autonomie…
Certains épargnants procèdent ainsi :
- réinvestissement du capital dans des produits faiblement risqués (fonds obligataires “Investment Grade”, de haute qualité…) logés dans un Compte-titres ordinaire,
- génération de revenus à la discrétion de l’épargnant (attention à la fiscalité).
L’inconvénient de cette stratégie est qu’il faut être pleinement formé en matière de gestion de portefeuille. Elle ne prend pas non plus en compte les particularités fiscales du PER, qui sont objectivement très pénalisantes en cas de sortie en capital… Pas sûr que le capital restant après impôts permettra donc d’investir suffisamment pour toucher une rente aussi importante que celle prévue par le contrat en cas de sortie en rente viagère.
C’est pourquoi certaines personnes préfèrent opter pour cette dernière option afin de s’assurer du versement d’une certaine somme jusqu’au décès (selon une récurrence mensuelle ou trimestrielle…). Dans ce cas, le total de la rente versée par an s’ajoute au revenu imposable après un abattement de 10%. Des prélèvements sociaux viennent ensuite s’appliquer sur la quote-part de la rente qui correspond aux versements volontaires, après déduction d’un abattement en fonction de l’âge.
Avis de l’expert
Si l’on demande la sortie en capital, la part de capital correspondant aux versements volontaires déduits est imposée au barème progressif de l’IR (impôt sur le revenu). Mais ce n’est pas tout. La part du capital généré par les produits financiers est imposée à la flat tax (30%), soit 17,2% de prélèvements sociaux + 12,8% au titre de l’impôt sur le revenu. Grosso modo, cela revient à dire que le bénéfice fiscal engrangé pendant toute la durée de vie du plan (déduction des versements) a de fortes chances d’être obéré à la sortie… Si les déductions ont été importantes, attention au retour de flamme possible : la sortie en capital peut donner lieu à une explosion de la TMI au moment de l’année de sortie du PER… Nous ne pouvons donc que vous suggérer d’aller chercher conseil pour choisir l’option qui correspond le mieux à votre situation financière.
Diversifier son portefeuille, s’en tenir au plan
La tentation peut être grande de regarder quotidiennement l’évolution de son portefeuille. Mais retenez ceci : avec le PER vous investissez la plupart du temps à très long terme (si votre âge vous le permet). Il convient donc d’investir seulement l’argent dont vous n’avez pas besoin à court terme et de s’assurer que le Plan d’Épargne Retraite correspond à votre situation patrimoniale (blocage de l’épargne, comme expliqué ci-dessus).
Rappelez-vous qu’en matière d’épargne, la discipline et la patience seront vos alliées les plus précieuses. Il n’y a donc plus qu’à identifier une stratégie qui vous convient et à vous en tenir à votre plan de versements volontaires (périodiques ou non) !
Ne négligez ni le PEA ni l’assurance-vie ! Par défaut d’informations, on voit encore trop de personnes ouvrir un PER alors qu’ils n’ont ni PEA ni assurance-vie… pourtant leur profil investisseur est 100% adapté. Chacun de ces produits d’épargne ont leurs particularités (gestion, fiscalité…) et il peut être avantageux de les cumuler dans une logique de diversification stratégique.
Rémois d’origine et diplômé d’un double master de philosophie politique et de finance d’entreprise, Nathan a travaillé dans l’Asset Management en milieu bancaire. Sa vocation est de transmettre au plus grand nombre les bonnes pratiques d’une gestion d’épargne saine et cohérente. Il est certifié AMF et AMF finance durable.