Alors que certains chefs d’entreprises évoquent régulièrement, au sortir de la crise économique, des difficultés à recruter, des estimations publiées par le Pôle Emploi indiquent au contraire qu’un pourcentage très marginal d’offres n’a pas trouvé de correspondance.

Etude de Pôle Emploi sur les offres entre juin et septembre 2021 : les résultats

Quand la pandémie a commencé à déferler sur le monde, tout le monde a craint le pire, notamment en termes d’emploi. Il est vrai que beaucoup de personnes ont perdu leur travail pendant ces deux ans, mais la reprise économique s’est vite annoncée plus offensive que prévu.

Le Pôle Emploi, de même, a été contraint de durcir et d’augmenter les contrôles auprès des demandeurs d’emploi. Ces derniers sont tenus de retrouver rapidement une activité salariée et d’en apporter la preuve sous peine de ne plus percevoir leurs allocations chômage.

Les chiffres portent sur une période de plusieurs mois (de juin à septembre 2021) et se basent sur les offres clôturées pendant cette période. Ils sont éloquents. 86% des offres déposées par les chefs d’entreprise ont trouvé preneur (soit 9 millions de recrutements) dans une moyenne de 45 jours. Seulement 6% des entrepreneurs employeurs n’ont pas trouvé le bon candidat pour le poste. Cela représente entre 255 000 et 390 000 personnes.

Quant au pourcentage restant, il exprime les recrutements en cours, au moment de l’étude ou encore les entrepreneurs qui, finalement, ne voulaient plus recruter ; leur besoin ayant disparu.

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Difficultés de recrutement et chiffres qui disent le contraire : où se situe la vérité ?

Alors comment expliquer le fait que les chefs d’entreprise communiquent partout sur leurs difficultés à recruter, notamment dans le secteur du bâtiment ? Ils sont en effet 68% à exprimer un besoin de recrutement qui ne trouve pas d’écho chez les demandeurs d’emploi. Est-ce à imputer à une inadéquation géographique notamment dans l’industrie ou encore des conditions de travail trop contraignantes et donc peu séduisantes, à l’heure où les salariés ont des envies de mieux-vivre et de mieux-être ?

Pour Stéphane Ducatez qui est en charge du pôle statistique pour le Pôle Emploi, il s’agit plus d’une histoire de ressenti. L’employeur se fait une idée préconçue du candidat parfait pour son poste et il peut être déçu parfois par les candidatures qu’il reçoit. Pour autant, même si cela ne se passe pas comme il l’avait imaginé au départ, le recrutement se fait et dans une durée qui reste constante depuis 2018.

Pourtant, du point de vue des entrepreneurs, cette explication est à tempérer. Car, oui, l’embauche se fait, mais au prix de différents compromis : une expérience ou une formation moindre des candidats acceptés, des profils différents par rapport à celui du poste. D’autres employeurs ont même dû revoir leurs conditions de travail et aussi le salaire proposé pour que les candidats postulent enfin.