Le PIB va croître à nouveau, mais l’Allemagne doit desserrer le frein de la dette. C’est ce que révèlent les derniers analystes du Fonds Monétaire International (FMI) qui constatent que quatre ans après la gestion de la crise en réponse à la pandémie et à l’interruption des livraisons de gaz russe, les politiques économiques se recentrent sur les défis à moyen terme.

PIB +0,2% en 2024

« Dans ce contexte, peut-on lire dans le rapport du FMI, les perspectives de croissance à moyen terme pourraient être renforcées par une nouvelle augmentation de l’investissement public, y compris l’investissement dans la transition écologique et la numérisation, par des mesures visant à compenser le déclin de la population active lié au vieillissement, ainsi que par des actions visant à améliorer l’environnement financier pour les start-ups et l’innovation, à réduire les formalités administratives et à approfondir l’intégration économique au sein de l’Europe. »

Selon les experts, la baisse des prix de l’énergie et le resserrement de la politique monétaire ont conduit à une désinflation rapide dans le pays. Même en 2024, le FMI s’attend à ce que l’inflation continue de baisser, en raison de la faiblesse de la demande et de la poursuite du transfert des prix de l’énergie et des importations de denrées alimentaires vers les prix de détail. L’inflation de base (qui exclut les prix plus volatils de l’alimentation et de l’énergie) devrait également ralentir, mais restera plus élevée « car les prix des services restent sensibles à la croissance robuste des salaires ».

En ce qui concerne la croissance, l’augmentation des salaires entraînera une hausse correspondante de la consommation privée et sera le moteur d’une reprise modeste et progressive en 2024, avec une croissance du PIB réel d’environ 0,2 %. L’investissement privé devrait également se redresser en 2025 en raison d’une demande plus forte et d’un assouplissement modéré de la politique monétaire au cours de la période 2024-25. Par conséquent, la croissance du PIB pour 2025 et 2026 devrait s’accélérer entre 1 % et 1,5 %.

FMI : Berlin desserre le frein de la dette

Selon le FMI, dans ce scénario de reprise, le gouvernement allemand devrait ajuster son plafond de dépenses budgétaires controversé pour tenter de libérer davantage d’investissements publics alors qu’il est confronté à des pressions croissantes en matière de dépenses.

L’Allemagne dispose d’une règle budgétaire inscrite dans la constitution, connue sous le nom de frein à l’endettement, qui limite les dépenses publiques à un déficit de 0,35 % du produit intérieur brut en temps normal.

Le Fonds monétaire international a déclaré que « bien que les règles budgétaires contribuent à garantir que la dette reste à des niveaux viables, les autorités devraient envisager d’assouplir modérément le frein à l’endettement pour répondre aux besoins croissants en matière de dépenses ».

L’Allemagne est confrontée à des pressions supplémentaires en matière de dépenses, notamment en raison du vieillissement de la population, mais elle devra également relever les défis liés à l’augmentation des dépenses de défense, ainsi qu’à la modernisation des infrastructures dans les domaines des transports, de l’énergie et des communications, a expliqué l’organisation basée à Washington. « Notre recommandation est que cet assouplissement pourrait être d’un point de pourcentage du PIB, ce qui maintiendrait le ratio dette/PIB sur une trajectoire descendante », a déclaré Kevin Fletcher, chef de cabinet du FMI en Allemagne, lors d’une conférence de presse. « Un tel assouplissement laisserait plus de place aux investissements publics indispensables et à d’autres priorités essentielles ».

Le frein à l’endettement a causé bien des maux de tête à l’actuelle coalition gouvernementale allemande. L’année dernière, la plus haute cour du pays a déclaré que les plans de dépenses du gouvernement étaient inconstitutionnels au motif qu’ils violaient les règles fiscales, ce qui a retardé le budget 2024 et a conduit à des appels à la réforme de la loi. Toutefois, le FMI a déclaré que la croissance économique de l’Allemagne devrait s’accélérer en 2025 et que l’investissement privé devrait également reprendre en 2025, dans le sillage de l’amélioration de la demande et de l’assouplissement attendu de la politique monétaire de la Banque centrale européenne.