ASML dépasse les attentes, mais le cours de l’action plonge de 11 % en bourse. Autant dire que l’entreprise néerlandaise qui produit des machines lithographiques pour la fabrication de puces électroniques a laissé des plumes sur la journée du 17 juillet. Les résultats pour la période avril-juin 2024 certifient une baisse du chiffre d’affaires et du bénéfice moins importante que les estimations des analystes, mais la rigueur des comptes ne suffit pas à soutenir l’action. L’hypothèse, évoquée par Bloomberg, de nouvelles restrictions sur les exportations vers la Chine pèse sur le cours de l’action, entraînant tout le secteur des puces dans le rouge : de Nvidia à TSMC, en passant par ARM et Qualcomm, les titres affichent également des pertes marquées à Wall Street.

Bénéfice net de 1,6 milliard pour ASML

Au deuxième trimestre 2024, l’entreprise néerlandaise a réalisé un chiffre d’affaires de 6,2 milliards d’euros, en baisse de 9,5 % par rapport à la même période de 2023. La ligne inférieure du compte de résultat renvoie un bénéfice net de 1,6 milliard (-19 %). Des résultats qui s’inscrivent dans le contexte d’une « année de transition », selon le PDG Christophe Fouquet.

Toutefois, tant le chiffre d’affaires que le bénéfice ont dépassé les estimations des analystes de Lseg, qui prévoyaient des revenus de 6,04 milliards d’euros et des bénéfices de 1,4 milliard d’euros. Les commandes au cours du trimestre ont augmenté de 54 % par rapport aux trois mois précédents pour atteindre 5,6 milliards d’euros.

« Nous observons actuellement de fortes évolutions dans le domaine de l’intelligence artificielle, qui est à l’origine de la majeure partie de la reprise de l’industrie et de la croissance avant les autres segments du marché », a commenté M. Fouquet, qui s’attend à ce que l’activité croisse en 2025.

Le risque chinois

Pékin est le troisième plus grand marché pour ASML, après la Corée du Sud et Taïwan. C’est pourquoi la possibilité de nouvelles restrictions de vente en Chine, plus strictes que celles déjà en place, pèse sur l’action. Selon Bloomberg, les États-Unis demanderaient à des pays alliés, dont les Pays-Bas, de prendre des mesures unilatérales pour restreindre les exportations d’équipements de puces vers la Chine si les fabricants n’agissent pas de manière indépendante.

Cette demande, si elle est confirmée, renforcerait encore les restrictions imposées par les États-Unis à l’industrie des puces à partir de 2022. Des restrictions qui touchent, par exemple, les produits les plus sophistiqués de grands noms comme Intel et Nvidia. En Europe, certaines lignes de machines d’ASML sont déjà confrontées à diverses limitations.

Verdict des analystes

« La demande (pour Asml, ndlr) reste robuste, portée par les tendances de la transition énergétique, de l’électrification et de l’intelligence artificielle. Cette demande sous-tend les ambitions de revenus à long terme, avec des objectifs pour 2025 fixés à 30-40 milliards d’euros et 2030 à 44-60 milliards d’euros », souligne Gabriel Debach, analyste chez eToro. « ASML représente une opportunité d’investissement attrayante à long terme. Malgré un ratio cours/bénéfice actuel de 45 fois, supérieur à la moyenne décennale de 30 fois, les perspectives solides et le positionnement stratégique de la société la rendent attrayante pour les investisseurs. L’action, qui a atteint 1 000 euros pour la première fois au début du mois, peut subir des corrections à court terme, mais toute baisse est susceptible d’attirer rapidement de nouveaux acheteurs. »

« Dans l’ensemble, la mise à jour d’ASML confirme que la reprise du marché des puces est en cours, grâce à l’essor de la demande de puces d’intelligence artificielle, et c’est une nouvelle qui soutient les valeurs du secteur, dont Technoprobe, qui publiera ses résultats du deuxième trimestre le 8 août », commentent les analystes de Mediobanca Research.