Des conditions de prêt qui ne favorisent pas les banques françaises
Alors que les particuliers souffrent de la remontée des taux ; bloquant la majorité des prêts immobiliers, les banques devraient être à la fête. C’est notamment avec les taux d’intérêt de tous les types de crédits qu’elles se rémunèrent. La hausse accordée par la BCE (Banque Centrale Européenne) devrait donc pleinement les satisfaire et c’est bien le cas dans d’autres pays européens.
Une des particularités des banques françaises est qu’elles prêtent à taux fixe. Le taux d’intérêt ne suit pas l’évolution de l’inflation. Même si le bilan du troisième trimestre n’est pas mauvais, il est clairement en deçà de ce qui se fait ailleurs. Autre coût dur pour les banques : la revalorisation par le gouvernement d’un produit financier adopté de longue date par les français : le livret A. Alors qu’il affichait un taux intéressant à sa création, il avait connu une décrue alarmante depuis quelques années déjà.
Le confinement ayant permis à ceux qui le peuvent d’épargner (on parle de milliards d’euros), le Gouvernement a souhaité redorer le blason du livret A qui continue à avoir ses aficionados en le relevant à 2%. Les réseaux de banques mutualistes ; qui distribuent majoritairement ce type de produits d’épargne ; se retrouvent avec un coût de la ressource important. Sur une période de neuf mois, cela leur a coûté 400 millions d’euros.
Des stratégies qui ne sont pas payantes
Les taux grimpent ? Pour conserver la fidélité des clients ou en attirer de nouveaux, il vaut mieux proposer d’autres produits, pour présenter une belle offre diversifiée. Cette stratégie a déjà porté ses fruits, car il est vrai que les clients aiment trouver en un seul et même établissement les réponses à diverses problématiques qui peuvent se présenter à eux, au cours d’une vie, sans avoir besoin de chercher ailleurs. Une assurance pour la voiture, un produit d’épargne pour la retraite ou même des fonctionnalités qui prouvent que la banque innove, comme des systèmes d’alarme.
Pourtant, cette fois-ci, les clients français n’accrochent pas et pire encore, préfèrent se tourner vers des banques avec un fonctionnement plus simple et direct, axant leur priorité sur le taux qu’elles proposent à la clientèle. Cela se voit déjà en Espagne avec des cours en très nette hausse depuis le début de l’année (allant jusqu’à 32%), parce qu’elles prêtent à taux variables (et donc suivent l’inflation).
Les banques françaises doivent-elles donc être jalouses des banques ibériques ? Pas forcément car chaque victoire peut avoir son revers de médaille. Les profits réalisés sont tels que le gouvernement espagnol entend leur faire payer une taxe exceptionnelle. Les établissements bancaires français relativisent. Les résultats ne sont pas à la hauteur de ce qui était attendu, mais rien n’est joué. Comme l’analyse le patron du Crédit Agricole SA, Philippe Brassac : « L’impact positif des taux (…) est plutôt à venir que déjà venu ».