L’Europe traverse une période très complexe, avec une croissance qui peine à décoller dans les 27 pays de l’UE et des investisseurs qui voient à nouveau la possibilité d’une récession pour le bloc. Contrairement aux attentes américaines, un atterrissage en douceur n’est pas considéré comme acquis sur le vieux continent. En effet, l’inflation ralentit, mais pas suffisamment, et le secteur industriel montre des signes de grande faiblesse, l’Allemagne étant le chef de file de ces fragilités.
Dans ce contexte, plusieurs voix autorisées de membres de la BCE et d’autres intervenants s’expriment sur la recette la plus efficace pour freiner les prix et éviter une récession en Europe : hausse et pause des taux sont les options envisagées, qui ne font pas l’unanimité.
Que décidera la BCE en septembre : baisse des taux, hausse ou pause ?
L’anticipation de la réunion de septembre de la BCE est déjà élevée, dans un contexte de rumeurs sur ce que la BCE pourrait faire. L’économiste en chef de la Banque centrale européenne, Philip Lane, est convaincu que l’inflation dans la zone euro diminuera fortement au cours des prochains mois, ce qui laisse entendre que les taux d’intérêt sont proches de leur maximum.
Même si les pressions sur les prix n’atteindront pas l’objectif de 2 % avant 2025, la récente baisse des prix de l’énergie réduira les coûts dans l’ensemble de l’économie en peu de temps, a-t-il déclaré, ajoutant : “Ce que nous voyons dans nos projections, c’est une baisse de l’inflation dans la zone euro :
“Ce que nous voyons dans nos projections, c’est que l’inflation devrait diminuer assez fortement d’ici la fin de l’année, mais que le retour à notre objectif de 2 % est essentiellement prévu en 2025. La baisse très rapide des prix de l’énergie – nous en sommes convaincus – réduira les coûts dans l’ensemble de l’économie. Dans le même temps, la composante intérieure de l’inflation, due à la hausse des salaires et aux efforts des entreprises pour reconstituer leurs bénéfices, pousse l’inflation sous-jacente à la hausse, ce qui signifie que “des forces s’exercent dans des directions opposées et c’est pourquoi nous sommes très dépendants des données à l’approche de l’automne. Nous serons à la recherche d’indices“.
L’incertitude est totale. Entre-temps, un haut responsable de la Banque centrale européenne a déclaré que celle-ci pourrait atteindre son objectif de réduction de l’inflation en s’engageant à maintenir les taux d’intérêt stables plus longtemps, plutôt que de les augmenter et de risquer de faire chuter l’économie.
Fabio Panetta, membre du conseil exécutif de la BCE, a déclaré que le maintien des taux aux niveaux actuels pendant une période prolongée pourrait avoir un effet similaire à celui d’une augmentation des coûts d’emprunt, tout en évitant de nuire à l’économie.
Vers une dixième montée des taux consécutive ?
Les commentaires de M. Panetta, l’un des membres les plus pessimistes du conseil d’administration de la BCE, soulignent l’intensification du débat sur l’opportunité de relever les taux pour la dixième fois consécutive lors de la réunion du mois prochain, alors que les pressions sur les prix s’atténuent et que la zone euro se dirige vers un ralentissement de l’économie. Les investisseurs penchent pour une pause dans les augmentations de la BCE en septembre, bien que plusieurs économistes continuent de penser qu’une dernière augmentation de son taux de dépôt à un nouveau record historique de 4 pour cent est susceptible de contrer les augmentations persistantes des prix des services.
Plus précisément, lors de son intervention à Milan, M. Panetta a expliqué que “le fait de s’appuyer uniquement sur une approche agressive des hausses de taux pourrait amplifier le risque lié à un resserrement excessif, ce qui pourrait ensuite nécessiter une baisse précipitée des taux dans un environnement économique qui se détériore“.
Au contraire, mettre l’accent sur la persistance peut être particulièrement utile dans la situation actuelle, où le taux officiel se situe autour du niveau nécessaire pour assurer la stabilité des prix à moyen terme, où le risque d’un désengagement des anticipations d’inflation est faible et où l’activité économique est faible. Tous ces arguments montrent clairement qu’il est très difficile pour la BCE de prendre la bonne décision en ce moment. Il y a tant de facteurs défavorables et incertains à prendre en compte. C’est pourquoi, pour l’instant, un dilemme subsiste quant aux taux de la zone euro en septembre.