Lutter contre le blanchiment d’argent
Chacun peut ; s’il a plus de connaissances sur un sujet ; être en mesure de lutter contre lui s’il le pense nécessaire, car néfaste. Si l’on veut protéger l’économie française et donc les entreprises, on peut vouloir agir contre le blanchiment d’argent. Quand on évoque ces termes, des images de films apparaissent et on associe souvent cela et uniquement à des groupes criminels organisés de grande ampleur. Même s’ils procèdent bien sûr à du blanchiment d’argent, cette pratique est en fait relativement répandue partout dans le monde et en France.
Tous les ans, selon Interpol, la somme d’argent qui serait ainsi blanchie au niveau mondial équivaudrait à…2 000 milliards de dollars !
Comment fonctionne le blanchiment d’argent ?
Trois étapes sont généralement nécessaires ; même si le procédé est ici vulgarisé à des fins de compréhension et se révèle naturellement plus complexe ; pour procéder à du blanchiment d’argent.
Injecter l’argent dans le système financier
Il s’agit de la première étape quand on a de l’argent généré par des activités illégales que l’on veut pouvoir utiliser tranquillement par la suite. Pour cela, il faut réussir à le faire entrer dans le système financier, sachant que désormais, il faut en plus de l’argent physique ; compter sur les monnaies digitales comme peuvent l’être les différentes cryptomonnaies, par exemple.
Le but étant de diviser les grosses sommes en d’autres, de plus petite importance, afin de ne pas se faire repérer. Pour les criminels, les échanges de devises ou encore les jeux d’argent sont privilégiés pour obtenir ce résultat. En effet, pour ne pas attirer l’attention de la TRACFIN ou encore du CRF, il vaut mieux éviter les seuils que ces organismes ont mis en place et au-dessus desquels l’argent peut devenir suspect.
Le layering
Sous cet anglicisme se cache le terme « empilement ». Diversifier les comptes, mais aussi les investissements partout dans le monde permet de mettre de la distance entre l’argent et l’activité dont il provient (et donc celui qui l’a généré). Ce type d’opérations financières est permis par des professionnels qui offrent ainsi une couverture aux organisations criminelles et mettent leurs compétences à leur service.
Sociétés écrans, paradis fiscaux sont alors plébiscités pour faciliter ces opérations. Comme le KYC (le fait de pouvoir identifier les clients sur les plateformes de cryptomonnaies ; KYC étant un anglicisme signifiant « Know Your Customer » ou « Connais ton Client ») n’est pas encore mis en place partout, cela est encore facile, même si cela coûte très cher aux criminels.
L’intégration
La source de l’argent étant normalement rendu intraçable ; si les opérations d’empilement ont été bien faites ; il est alors possible pour les organisations criminelles de l’utiliser comme bon leur semble. Généralement, ils achètent des biens immobiliers, ou encore des œuvres d’art.
Est-il facile, concrètement, de blanchir de l’argent ?
Il existe différentes méthodes ; certaines étant plus complexes que d’autres à mettre en œuvre ; et donc nécessitant des moyens financiers plus importants et des contacts. Par exemple, la fraude ou arnaque au Président est une tendance qui a été très utilisée pendant l’année 2021. Elle consiste en le fait de faire valider et exécuter par un comptable trois virements de suite pour une somme totale de 500 000 euros en se faisant passer pour le dirigeant d’une société.
L’argent, envoyé en Europe de l’Est permet de supprimer son traçage ; ne constitue qu’une étape avant d’arriver sur le vrai compte du fraudeur. Pour blanchir de l’argent, on utilise donc des entreprises existantes ; ce qui leur est préjudiciable bien entendu. On peut également gonfler tous les jours le montant des recettes (notamment dans les restaurants) pour y mettre de l’argent sale, de manière relativement anonyme et facilement.
Les conséquences du blanchiment d’argent
Le blanchiment d’argent en fonction de la méthode employée peut coûter extrêmement cher. Mais il faut voir au-delà de cet aspect et considérer les conséquences pour l’économie ou encore les entreprises. En effet, même si les entreprises peuvent être les victimes de ces opérations, l’attention est portée sur elles et on peut les accuser de blanchiment d’argent. Comme dit, les plus touchées gravitent dans le secteur des services financiers, mais les secteurs de l’immobilier, de la restauration ou même des paris sportifs ne sont pas en reste.
Même si une entreprise le fait de manière inconsciente ; c’est-à-dire sans comprendre et appréhender réellement les enjeux ; les conséquences peuvent être de nature administrative, financière mais aussi pénale dans les cas les plus graves pour les dirigeants.
L’économie toute entière ; du fait de l’infiltration dans les institutions bancaires ; peut être menacée si personne n’agit pour l’empêcher.
Blanchiment d’argent : comment faire pour l’éviter ?
Tout le monde a un rôle à jouer dans la lutte contre le blanchiment d’argent : tout aussi bien les acteurs financiers que les professionnels de lutte (avec le LCB-FT et le GAFI, notamment). Faire preuve de vigilance envers sa clientèle constitue un des premiers remparts à mettre en place quand on est un professionnel. Le fait de mettre en œuvre une obligation KYC avec vérification des justificatifs d’identité est une solution à appliquer de toute urgence pour la prévention du blanchiment d’argent, mais aussi du financement du terrorisme ou encore de la fraude…
Les activités quotidiennes doivent faire l’objet d’une surveillance étroite et il faut prêter attention à toutes les transactions qui sont effectuées pour voir si elles sont bien conformes. La vitesse de rotation des dépôts ou encore des transactions à haute fréquence peuvent ainsi être détectées afin d’identifier des actions de blanchiment d’argent.
Les services doivent travailler en coordination pour une meilleure efficacité. Comme le blanchiment d’argent peut être protéiforme, il convient d’opérer une veille de tout ce qui se passe, se fait et de l’évolution des pratiques en la matière pour pouvoir le contrer plus vite.