D’autres ont applaudi. Ces différentes positions ne signifient pas grand-chose par rapport au fait, qui est réel. Réel et sinistrement alarmant, non seulement pour l’Europe mais aussi pour l’Amérique elle-même, si l’on considère le poids que les sept géants ont inévitablement sur la politique du gouvernement américain lui-même.
Des amitiés réciproques entre présidents
Ce n’est donc pas un hasard si, au moment où Emmanuel Macron tirait la sonnette d’alarme, le président chinois atterrissait peu après à Paris et, sous le feu des critiques, M. Macron l’accompagnait le mardi 7 mai dans le village de montagne de La Monge, dans les Pyrénées, où le président français avait l’habitude de passer ses vacances d’hiver et d’été lorsqu’il était enfant. Une manière de retourner l’attention du président Xi qui accompagnait Macron pour un thé à Canton, dans la province dont son père avait été président, de la même manière que Macron se rendait dans les Pyrénées avec sa grand-mère maternelle Manette.
Bref, une rencontre faite de gentillesses réciproques, sachant bien que l’Europe, justement à cause de la domination technologique et économique des sept géants américains, ne pourra pas ignorer ou se montrer dure envers la Chine, qui en termes de technologie n’est pas une plaisanterie, suite, paradoxalement, au choix américain de faire fabriquer 70% des iPhones en Chine, par exemple, juste pour économiser de l’argent. C’est comme si Macron envoyait un signal à toute l’Europe : à ce stade, personne, et surtout pas l’UE, ne peut se permettre de ne pas avoir un dialogue constructif avec la Chine.
Un bel exemple de réalisme
L’idée du président Macron est que l’Europe, en supposant qu’elle reste unie, ne peut pas envisager d’être la troisième puissance économique mondiale sans avoir la souveraineté technologique, et aujourd’hui, selon Macron, l’Europe n’a pas assez de richesse par habitant pour maintenir et développer le troisième plus grand pôle du monde en premier lieu.
Le chauvinisme et l’arrogance français habituels ? Plutôt un bel exemple de réalisme. Pour se redresser, outre la technologie peut-être à la sauce chinoise, l’Europe a besoin d’attirer des capitaux d’investissement et un système boursier efficace et attractif, alors que, surtout après la sortie de Londres de l’UE, avec laquelle elle avait la deuxième bourse du monde, Euronext, la bourse pseudo-européenne avec sa propre traction française, échoue complètement dans sa tâche institutionnelle d’attirer des capitaux européens et non-européens. C’est inévitable, pour au moins deux raisons que les lecteurs connaissent bien :
- Euronext ne peut pas être une bourse véritablement européenne si, outre l’absence de plusieurs pays importants comme l’Espagne, il manque de manière flagrante la participation au marché du premier pays européen en termes d’économie, à savoir l’Allemagne.
- Plus grave encore, les bourses d’Euronext n’ont absolument pas des règles de gouvernance et de gouvernement d’entreprise égales, mais au contraire, surtout celles des Pays-Bas, ou plus justement d’Amsterdam, offrent un traitement beaucoup plus avantageux que les autres, tant au niveau de la fiscalité gouvernementale des entreprises que de la possibilité de traitements spéciaux et discriminatoires, comme le vote multiple au énième degré pour chaque action.
Des marchés boursiers trop différents
Comment utiliser le préfixe euro pour des places boursières aussi différentes en termes de réglementation et de fiscalité ? On sait qu’une des principales limites, sinon la principale, de l’UE est que chaque pays a conservé une totale autonomie fiscale, et c’est un choix des gouvernements ; mais si l’on décide de faire une bourse européenne, il est inacceptable qu’il y ait autant de différence dans le traitement réglementaire des actions, à tel point que la liste principale de Milan s’est progressivement vidée de nombreux groupes italiens.
Il semble vraiment que face au refus de Francfort d’adhérer à Euronext, qui était la condition fondamentale pour avoir une véritable bourse européenne, le chauvinisme français ait pensé à concurrencer l’Allemagne et Londres avec la Bourse de Paris comme leader des petites bourses et, dans de nombreux cas, attractive uniquement pour des traitements qui font exactement le contraire de ce qui est nécessaire pour faire de l’Europe une véritable puissance financière.
Même la Chine a jeté son dévolu sur les bourses
Et il n’est pas nécessaire d’avoir un diplôme d’économie politique de la Sorbonne pour comprendre que la finance et donc les bourses sont l’outil essentiel du développement économique, à l’égard duquel le président Macron se montre sensible, mais alors prêche bien et pleut mal. Si seulement on pense que même le pays le plus communiste qui soit, la Chine, suivant la ligne dictée il y a plusieurs décennies par le grand Deng Xiao Ping (un pays socialiste mais avec des instruments capitalistes) n’a pas peu misé sur le développement des bourses et des marchés de capitaux.
Est-ce une hérésie que le président Macron, après avoir fustigé toute l’Europe pour son absence et pour l’évidence que les produits chinois gagnent face à ce qu’on a appelé les « vénérables industries européennes », promeuve une véritable bourse européenne, à laquelle participeraient au moins vingt des vingt-sept membres de l’UE, à commencer par Francfort, créant ainsi un véritable marché européen des capitaux ? Et peut-être pourrait-il y avoir une alliance entre une véritable bourse européenne et les bourses chinoises ?
Au final, il est le seul chef d’État et de gouvernement à avoir encore plus de trois ans de gouvernement devant lui, puisqu’il a entamé son second mandat en septembre 2022 et que grâce à la réforme introduite par le général Charles de Gaulle, il cumule les pouvoirs de chef d’État et de gouvernement, où il a récemment nommé un très jeune de ses fidèles, Gabriel Attal.