Les investisseurs et les analystes craignent qu’une escalade n’implique Téhéran, voire les États-Unis. Des responsables iraniens de la sécurité ont aidé à planifier l’assaut du Hamas, a rapporté le Wall Street Journal, citant de hauts responsables du groupe militant et du Hezbollah. Les États-Unis, quant à eux, ont déclaré qu’ils déplaçaient un groupe d’attaque de porte-avions en Méditerranée orientale et qu’ils augmentaient le nombre de leurs escadrons de chasse dans la région.
Bien entendu, l’Europe est également en état d’alerte. Avec des matières premières comme le gaz et le pétrole en hausse, l’économie mondiale craint d’autres chocs, l’inflation étant sur le point de grimper en flèche. Ce qui peut arriver avec la guerre en Israël qui menace tous les équilibres mondiaux.
Guerre en Israël, les conséquences pour l’Europe
Le pétrole monte en flèche avec le conflit israélien. Et l’inflation mondiale risque d’augmenter Les projecteurs de l’économie mondiale se sont braqués sur l’inflation avec beaucoup d’inquiétude. Le chaos qui a éclaté en Israël a dopé les matières premières, alors que l’on craignait que la guerre ne perturbe les approvisionnements et les livraisons.
Le pétrole augmentent de plus de 3 % et le prix du gaz dans le benchmark européen, l’indice de référence néerlandais, repasse lui aussi au-dessus des 40 dollars par mégawattheure. Cette flambée dans le secteur de l’énergie, même si elle peut être temporaire et liée à ces heures agitées d’une guerre qui explose soudainement, est un revers majeur pour la lutte contre l’inflation.
Le scénario était déjà tendu sur le front des prix, avec des craintes renouvelées de surchauffe de l’énergie en raison des événements incertains entourant la guerre en Ukraine et la politique de l’OPEP (l’Arabie saoudite et la Russie réduisant leur production). Même la BCE, lors de sa dernière réunion, avait mis en garde contre la possibilité d’une hausse des prix de l’énergie, ce qui compliquerait sa stratégie de politique monétaire.
Aujourd’hui, l’alarme est bien réelle. Alors que les prévisions de Goldman Sachs Group pour le Brent sont restées à 100 dollars le baril d’ici juin, les analystes Daan Struyven, Callum Bruce et Farouk Soussa ont souligné deux implications potentielles des attaques sur l’offre mondiale de pétrole. Premièrement, le conflit réduit la probabilité d’une normalisation à court terme des relations israélo-saoudiennes et, par conséquent, la probabilité d’une résolution rapide des réductions de la production saoudienne. Deuxièmement, compte tenu de la possibilité d’une nouvelle escalade des tensions, les risques liés aux projections de l’offre de pétrole iranien sont désormais orientés à la baisse.
L’incertitude quant à l’avenir proche domine les évaluations des experts
Selon Gui Chenxi, analyste chez CITIC Futures Co, le pétrole avait déjà augmenté de 240 %, 45 % et 40 % lors de la guerre du Golfe de 1990, de la guerre d’Irak de 2003 et de la guerre de Libye de 2011, avant de retomber. Cette fois-ci, selon l’expert, le conflit israélo-palestinien ne s’est pas encore étendu aux pays voisins producteurs de pétrole brut, ce qui a eu un impact limité sur les fondamentaux. Toutefois, l’aversion au risque pourrait soutenir les prix et le marché devrait être attentif à toute escalade.
Pour Warren Patterson d’ING, la prime de risque de guerre est revenue sur le marché du pétrole après les événements du week-end. Si l’Iran a joué un rôle dans ces attaques – directement ou indirectement – il pourrait y avoir une application plus stricte des sanctions pétrolières américaines contre Téhéran, ce qui aurait pour effet de resserrer un marché déjà tendu.
D’une manière générale, la crainte de représailles sur la production de pétrole brut existe. Cela se traduit par des prix chaotiques et une pression à la hausse sur l’inflation générale. L’avertissement s’adresse aux banques centrales : les taux plus élevés ont-ils trouvé une nouvelle justification ?
Se méfier du dollar
Le dollar et le yen japonais, considérés comme des valeurs refuges, ont progressé. L’indice du dollar s’est établi à 106,32, en légère hausse sur la journée, mais il est appelé à augmenter si l’incertitude devient encore plus alarmante.
“Si la guerre éclate quelque part dans le monde, il est bon de détenir des dollars américains. Il n’est donc pas surprenant que le billet vert ait commencé la nuit dernière avec quelques gains…“, a déclaré Ulrich Leuchtmann, responsable de la recherche sur les devises et les matières premières à la Commerzbank. Un dollar fort a un impact sur les autres devises, sur les pays dont la dette est libellée en billets verts et sur les achats de matières premières liés au dollar.
Déjà accusées de mener une politique monétaire agressive en promettant des taux plus élevés et plus longs, les banques centrales observent maintenant avec inquiétude l’évolution de la situation en Israël. Une guerre au Moyen-Orient, qui s’ajoute à celle de l’Ukraine, multiplie les incertitudes quant à la croissance économique mondiale et au refroidissement de l’inflation. La Fed et la BCE avaient déjà exprimé leur conviction que la bataille contre la hausse des prix n’était pas gagnée et qu’il fallait, sinon de nouvelles augmentations, du moins une politique restrictive aux niveaux actuels pendant une période plus longue.
Cet avertissement avait déstabilisé les obligations, qui se sont fortement vendues, et pesé sur les perspectives des comptes publics des grandes économies. Aujourd’hui, avec un conflit violent, imprévisible et sensible pour les acteurs concernés, les risques s’accroissent. La hausse des prix du pétrole et du gaz exerce une pression sur l’inflation et pourrait convaincre les banques centrales que la situation est si précaire qu’elles doivent encore relever leurs taux. La consommation et la demande seraient encore plus affectées, alors que les hypothèques, les prêts et les investissements souffrent déjà.