L’économie mondiale est prise au piège des estimations de croissance à moyen terme les plus faibles depuis plus de 30 ans. Tel est le résumé du cadre prévisionnel mis à jour par le Fonds monétaire international, qui a revu à la baisse ses projections de croissance mondiale, mettant en garde contre l’incertitude élevée et les risques croissants. Les tensions dans le secteur financier s’ajoutent aux pressions exercées par le resserrement de la politique monétaire et l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Le PIB mondial devrait croître de 2,8 % cette année et de 3 % l’année prochaine, soit 0,1 point de pourcentage de moins que prévu en janvier, a déclaré le FMI dans ses Perspectives de l’économie mondiale mardi. Ces chiffres sont à comparer à une expansion de 3,4 % en 2022. Pour le monde entier, il s’agira donc de la croissance la plus lente depuis 1990. Quels sont les pays qui seront les plus durement touchés par le ralentissement et ceux qui connaîtront la plus forte reprise ? Les estimations du FMI en détail.

Le monde sous les feux des projecteurs : quel pays connaîtra la plus forte croissance ?

Le FMI prévoit une croissance mondiale de 2,8 % cette année et de 3 % en 2024, ce qui est légèrement inférieur aux estimations du fonds publiées en janvier.

Ces perspectives anémiques reflètent les orientations politiques restrictives nécessaires pour faire baisser l’inflation, les conséquences de la récente détérioration des conditions financières, la poursuite de la guerre en Ukraine et la fragmentation géoéconomique croissante“, indique le rapport du Fonds.

En ce qui concerne certaines zones régionales, le FMI prévoit une croissance de l’économie américaine de 1,6 % cette année et une croissance de la zone euro de 0,8 %. En revanche, le Royaume-Uni devrait connaître une contraction de 0,3 %. Le PIB de la Chine devrait croître de 5,2 % en 2023 et celui de l’Inde de 5,9 %. L’économie russe – qui s’est contractée de plus de 2 % en 2022 – devrait croître de 0,7 % cette année.

Dans la zone euro, 2024 sera plus positive pour les PIB de l’Allemagne (+1,1%), de la France (+1,3%), de l’Espagne (+2,0%) et l’Italie passera de +3,7 % en 2022 à +0,7 % en 2023, avec +0,8 % en 2024.

Dans ces estimations, il convient toutefois de noter que l’Allemagne devrait connaître une baisse de 0,1 % cette année et que le Royaume-Uni devrait également se contracter de 0,3 %.

Avertissements sur le PIB mondial selon le FMI

En résumé, le FMI a averti que les principales forces qui ont frappé le monde en 2022 – les positions monétaires restrictives des banques centrales pour étouffer l’inflation, les tampons budgétaires limités pour absorber les chocs dans un contexte de niveaux d’endettement historiquement élevés, les hausses des prix des produits de base et la fragmentation géoéconomique avec la guerre de la Russie en Ukraine et la réouverture économique de la Chine – semblent susceptibles de se poursuivre en 2023. Mais ces forces se chevauchent désormais et interagissent avec de nouvelles préoccupations en matière de stabilité financière.

En outre, le FMI a déclaré que ses prévisions de base “supposent que les tensions récentes dans le secteur financier soient contenues“. Les tensions dans le secteur financier pourraient s’amplifier et la contagion pourrait s’installer, affaiblissant l’économie réelle par une forte détérioration des conditions de financement et forçant les banques centrales à reconsidérer leurs politiques, a averti le Fonds.

Les défaillances des banques mettent en lumière les conséquences potentielles d’une politique monétaire agressive dans de nombreuses grandes économies. La hausse des taux d’intérêt, décidée par les banques centrales qui s’efforcent de réduire une inflation obstinément élevée, nuit aux entreprises et aux gouvernements nationaux fortement endettés.

Un atterrissage brutal, en particulier pour les économies avancées, est devenu un risque beaucoup plus important. Les décideurs politiques pourraient être confrontés à des arbitrages difficiles pour réduire l’inflation persistante et maintenir la croissance tout en préservant la stabilité financière“, a déclaré le FMI.