Malgré le niveau record des prix des métaux précieux, les sociétés minières n’ont jusqu’à présent pas été le principal moteur de l’augmentation générale des dividendes. Au deuxième trimestre 2024, selon l’indice Janus Henderson Global Dividend Index, elles n’ont contribué « que » pour 26,8 milliards de dollars au record mondial de 606 milliards de dollars. Une tendance qui devrait s’inverser.

En effet, les hausses enregistrées depuis le début de l’année par les prix des matières premières (prix de l’or +32,8%, argent +36,1%, cuivre +11,5%, aluminium +10,6% et zinc +14,8%) vont se transformer en profits élevés pour de nombreuses entreprises du secteur, qui vont recommencer à distribuer au rythme historique de 50 milliards de dollars par trimestre et contribuer davantage aux 1,74 trillions de dollars (+6,4% par rapport à 2023) estimés par Janus Henderson pour l’ensemble de l’année 2024.

Ce qui fait grimper les prix des métaux

« La hausse des prix des matières premières a été alimentée par une interaction complexe de facteurs, notamment les décisions de taux des banques centrales, les perturbations de l’offre dues à la guerre en Ukraine et au Moyen-Orient, et l’incertitude géopolitique accentuée par les prochaines élections américaines », souligne Alessandro Valentino, chef de produit chez VanEck.

« En outre, les flux d’investissement dans les fonds aurifères ont augmenté de manière significative en octobre. En septembre, les Etfs mondiaux sur l’or physique ont enregistré leur cinquième mois consécutif d’afflux, ajoutant un montant remarquable de 1,4 milliard de dollars. À elle seule, l’Amérique du Nord a enregistré depuis le début de l’année des entrées de 2 042,9 millions, pour un total d’actifs sous gestion de 143,8 milliards et des avoirs en or de 1 649 tonnes. En Asie, la demande d’ETF exposés à l’or depuis le début de l’année a enregistré des entrées de 3 897,9 millions d’euros. »

Valentino explique que ce phénomène a été favorisé par le processus de réduction de l’exposition de la banque centrale chinoise aux obligations d’État américaines et par l’augmentation des achats d’or. Cette dynamique a également donné le feu vert aux investisseurs particuliers.

Malgré l’augmentation des coûts de maintenance, qui ont atteint 1 438 dollars l’once d’or au troisième trimestre contre 1 053 dollars en moyenne, le prix record du lingot (record historique à 2 790,10 dollars le 31 octobre, ndlr) a dopé la rentabilité des sociétés minières, leur permettant de maintenir une bonne santé financière et de rémunérer les actionnaires, malgré l’augmentation des coûts d’exploitation », poursuit l’expert.

Où « extraire » jusqu’à 10 % de rendement ?

Vale, groupe minier brésilien centré sur la production de minerai de fer, dont il est le premier exportateur mondial, devrait détenir le record de distribution de richesses à ses actionnaires. Selon Bloomberg Intelligence, elle devrait verser un dividende de 2,50 réals brésiliens en 2025 (rendement de 10,10 %), en hausse de 19,4 % par rapport au coupon précédent.

Rendement à deux chiffres (10,43 %) également pour l’australien Fortescue, quatrième producteur de minerai de fer, qui devrait verser un coupon de 1,08 AUD (+21,35 %). Il est talonné par deux géants comme Rio Tinto et Bhp, mais si le premier versera 2,45 dollars à ses actionnaires (+38,4%, rendement de 5,35%), le second ne sera pas à la hauteur (0,70 dollar, -5,4%), mais offrira tout de même un rendement attractif de 5%.

Ne seront pas en reste la petite société canadienne Aura Minerals, qui devrait offrir un dividende de 0,35 l’an prochain (rendement de 5,67%), et le producteur d’aluminium norvégien Norsk Hydro (+20% et taux de 4,38%). « Rio Tinto continue d’être un solide payeur de dividendes. Au premier semestre, il a généré 7,1 milliards de dollars de flux de trésorerie d’exploitation et a déclaré des dividendes de 2,9 milliards de dollars, avec un taux de distribution de 50 %.

« Le rendement du dividende reste supérieur à 6 %, ce qui en fait une option attrayante pour les investisseurs axés sur les revenus », suggère Valentino, qui cite également Newmont Corporation, qui a enregistré une hausse de 84 % de ses revenus au troisième trimestre, à 4,6 milliards de dollars. Une performance qui a permis au groupe de maintenir son dividende de 0,25 $ par action, soutenu par un flux de trésorerie de 760 millions de dollars. En outre, la cession stratégique d’actifs non essentiels, tels que la mine d’Akyem, a renforcé sa position financière, garantissant ainsi sa croissance future.