Le premier tour des élections législatives aura lieu le 30 juin et les marchés financiers sont prêts à réagir à plusieurs scénarios politiques possibles. L’annonce du président Emmanuel Macron de convoquer les élections après le succès du Rassemblement national (RN) aux élections européennes au début du mois avait déjà déstabilisé les marchés : le taux de change euro-dollar a chuté, signe d’un affaiblissement de la monnaie européenne, l’indice boursier français, le CAC 40, a chuté de manière significative, et l’écart entre les obligations d’État françaises et allemandes s’est creusé à 83 points de base.

L’annonce d’élections anticipées par Macron est un pari très risqué, destiné à maximiser les chances qu’un de ses membres remporte l’élection présidentielle de 2027 expliquent les experts. Bien que le RN soit actuellement censé obtenir le plus grand nombre de voix au premier tour, la concurrence avec le Nouveau Front populaire (Nfp) de gauche semble très féroce. Il est peu probable que l’un ou l’autre parti obtienne la majorité absolue, ce qui laisse présager un parlement sans majorité.

Tout dépend du soutien qu’obtiendra Ensemble, la coalition qui soutient Macron. Dans l’éventualité où un seul des deux partis extrémistes passerait au second tour – en obtenant les votes d’au moins 12,5 % des électeurs dans les sondages de dimanche – Ensemble serait bien placé pour battre le Nfp ou le Rn dans un second tour.

Les 4 scénarios possibles et leurs implications pour les marchés

Quatre scénarios pourraient émerger des élections françaises, chacun ayant des conséquences possibles distinctes pour les marchés et l’environnement financier et fiscal du pays.

1. Pas de majorité, le parti Ensemble faible

Si aucune majorité ne se dégageait et que Ensemble se trouvait affaibli, la coalition centriste se verrait contrainte de cohabiter avec la gauche ou l’extrême droite. Les compromis que les deux partis devraient accepter favoriseraient probablement le maintien du statu quo et une politique fiscale un peu moins expansive”, explique M. Gusmerini. L’impact sur le marché serait neutre.

2. Pas de majorité, un groupe fort

Une performance plus forte d’Ensemble faciliterait la création d’un gouvernement minoritaire composé de partis proches du centre, même si le gouvernement de Macron serait dans une position plus faible qu’auparavant. “Les politiques du parti Ensemble ont été relativement favorables au marché ces dernières années, il faut s’attendre à ce qu’un tel résultat soit un signal résolument positif pour les actifs français et l’euro” explique les experts.

3. La majorité pour le Rassemblement National

Si le parti d’extrême droite devait l’emporter – même dans le cas d’une coalition entre le RN et les Républicains (LR), cette majorité de droite serait perçue négativement par les marchés, bien que dans une moindre mesure qu’une victoire de la gauche. Une coalition Rn-Lr, rejetée jusqu’à présent par le président du RN, Jordan Bardella, obligerait le parti d’extrême droite de Marine Le Pen à renoncer à certaines de ses promesses de campagne les plus ambitieuses.  Dans ce cas, il faudra toujours s’attendre à un affaiblissement de l’euro et des actifs français.

4. Majorité pour le Nouveau Front Populaire

Enfin, le scénario le plus négatif pour les marchés et l’euro, selon le responsable des transactions d’Ebury, serait la victoire, bien qu’improbable, du parti de gauche, le Nfp. Il faut s’attendre dans ce scénario à une vente massive de la monnaie commune. Nous pourrions nous attendre à une vente massive de la monnaie commune. Cela s’explique par la probabilité qu’ils mènent une politique fiscale très expansionniste et qu’ils prévoient d’augmenter les impôts sur la partie la plus riche de la population, ce qui pourrait déclencher une sortie de capitaux.