L’augmentation de la taille de ces navires a des conséquences importantes sur l’environnement. C’est précisément pour cette raison que les organisations mondiales de protection de l’environnement appelle les compagnies à investir dans les éco-technologies afin de réduire leur pollution atmosphérique et l’impact qu’elles ont sur l’ensemble de la planète.
Corrélation entre navires et émissions de CO2
Il existe une corrélation évidente entre l’industrie des navires de croisière et les émissions de gaz à effet de serre dans l’environnement. L’industrie de ce secteur a connu une expansion spectaculaire au cours des cinquante dernières années, comme en témoigne le nombre toujours croissant de navires, qui a été multiplié par plus de vingt.
Aujourd’hui, on compte jusqu’à 500 navires de croisière, contre 21 en 1970. Cela a inévitablement entraîné une augmentation des émissions de dioxyde de carbone du secteur au niveau de l’UE ; en 2022, elles étaient de 20 % supérieures à celles de 2019 (l’année précédant la pandémie).
Les émissions des navires de croisière deviennent incontrôlables. Les navires de croisière d’aujourd’hui, et en perspective encore plus ceux de demain, font ressembler le Titanic à un bateau de pêche. Mais comme pour les voitures qui deviennent de plus en plus grosses, on peut se demander jusqu’où ces géants des mers peuvent encore grandir. Le secteur des croisières est celui du tourisme qui connaît la croissance la plus rapide et ses émissions deviennent rapidement incontrôlables.
En janvier 2024, le plus grand navire de croisière du monde a été inauguré. Il s’agit de l’Icon of the Seas, une véritable ville flottante, composée de sept piscines et de 40 restaurants, avec une capacité de 7 600 passagers. Pour se rendre compte de sa taille, il est plus long que 15 baleines bleues et son volume est cinq fois supérieur à celui du Titanic.
Le e-fuel comme solution ?
Plusieurs organisateurs de croisières commencent à utiliser le gaz naturel liquéfié comme alternative aux carburants plus traditionnels tels que le fioul lourd. Toutefois, cela ne suffit pas à réduire l’impact sur l’environnement car, bien qu’il émette moins de polluants locaux et de CO2, sa combustion libère du méthane dans l’environnement, un gaz à effet de serre 80 fois plus puissant que le dioxyde de carbone.
Les fuites de méthane des moteurs GNL rendent les navires encore plus nocifs pour le climat que l’utilisation de carburants traditionnels. Actuellement, les navires fonctionnant au GNL représentent 38 % des commandes mondiales de navires de croisière. La seule solution durable et évolutive pour décarboniser le transport maritime est l’utilisation de carburants de synthèse, ou e-fuels, dérivés de l’hydrogène vert. En tant qu’entreprise de luxe, les organisateurs de croisières devraient assumer la responsabilité de l’impact climatique qu’ils causent et investir dans ces carburants, même s’ils sont plus chers. S’ils veulent éviter de devenir des visiteurs de moins en moins bien accueillis, ils doivent devenir plus durables.
Selon une étude récente, ces carburants synthétiques pourraient alimenter près de 4 % du trafic maritime européen en 2030. Le seul écueil qui pourrait survenir est la disponibilité limitée et l’infrastructure de stockage, mais toujours selon l’organisation, cela ne devrait pas être un gros problème car les navires voyagent sur des itinéraires programmables.
Il est donc prévisible et facile de planifier les besoins et les heures de ravitaillement. En outre, l’étude montre que le passage à des carburants durables peut être financièrement avantageux pour les organisateurs de croisières. Avec l’inclusion du secteur maritime dans le mécanisme de tarification du carbone de l’UE et l’augmentation des pénalités à partir de 2025 dans le cadre du règlement maritime FuelEU, il sera plus coûteux de naviguer avec des carburants de navires polluants.
En 2030, le coût sera supérieur de 13 % à celui d’un mélange de carburants comprenant 4 % de méthanol synthétique. La différence pourrait atteindre plus de 30 % en 2040 et jusqu’à 80 % en 2050 si l’on continue à utiliser uniquement des combustibles fossiles au lieu de mélanges d’e-carburants.
Une autre bonne solution pourrait résider dans la taxation du tourisme de luxe. Actuellement, les navires de croisière sont exonérés des taxes sur les carburants, de la plupart des taxes à la consommation auxquelles sont soumis les autres modes de transport, et de l’impôt sur les sociétés. Selon les analyses, l’application d’une taxe de 50 euros sur les billets de croisière d’une valeur de 1400 euros pourrait générer 1,4 milliard d’euros au niveau mondial. Ce chiffre pourrait également représenter un financement crucial pour le climat et garantir que le tourisme de luxe soit également taxé, de la même manière que les automobilistes le sont lorsqu’ils achètent du carburant.