La BCE commence à travailler sur la méthodologie permettant de calibrer les limites de détention d’euros numériques par personne. Le plafond servira à éviter les impacts négatifs sur le financement des banques et les risques pour la stabilité financière. Francfort évalue également les moyens d’effectuer des paiements hors ligne en plus des paiements en ligne. C’est ce qui ressort du premier rapport de la BCE sur la phase de préparation de l’euro numérique, qui a débuté en novembre et durera jusqu’en octobre 2025.

D’ici fin 2025, le Conseil des gouverneurs de la BCE décidera s’il convient de passer à la phase suivante du développement de la CBDC (Central Bank Digital Currency). L’émission de la monnaie numérique ne sera définie qu’à la fin du processus législatif de l’UE.

Limites de détention

En ce qui concerne les limites de possession, la BCE a jusqu’à présent supposé un seuil de 3 000 euros. Hier, le président de la Bundesbank, Joachim Nagel, a indiqué que le niveau optimal se situait entre 1 500 et 2 500 euros. Il s’agit de chiffres très conservateurs par rapport à ceux sur lesquels travaille la Banque d’Angleterre (10 à 20 000 livres). Le plafond est l’une des caractéristiques les plus importantes de la CBDC, car il permet d’éviter des effets indésirables sur le secteur financier.

L’euro numérique ne sera donc pas un risque pour le secteur, alors que l’émission d’un stablecoin lié à l’euro par une Big Tech avec dépôt des fonds auprès de la BCE le serait. Dans cette éventualité, les géants de la technologie ne se fixeraient aucune limite et voudraient même maximiser la diffusion de la monnaie numérique, réduisant ainsi le financement bancaire.

La BCE a également prévu d’autres moyens d’éviter des sorties importantes de dépôts bancaires. Les commerçants auront une limite zéro : ils pourront utiliser les euros numériques, mais pas les accumuler. En outre, les portefeuilles Cbdc ne seront pas rémunérés et pourront être liés à des comptes courants, sans qu’il soit nécessaire de les approvisionner à l’avance.

Un groupe de travail nouvellement créé, composé d’experts des banques centrales nationales de l’Eurosystème et des autorités nationales compétentes, a commencé à identifier les facteurs susceptibles d’influencer le calibrage des limites de détention. La BCE a également commencé à collecter les données nécessaires à l’analyse. Les résultats de l’évaluation seront pris en compte dans la méthodologie de calibrage. Les limites exactes seront définies à une date proche de l’émission.

Transactions hors ligne

La BCE travaille également sur les moyens de garantir les transactions hors ligne, c’est-à-dire sans connexion internet, via les smartphones et les cartes à puce. Les données personnelles ne seraient connues que du payeur et du bénéficiaire et ne seraient pas communiquées aux prestataires de services de paiement, à l’Eurosystème ou à tout autre prestataire de services d’assistance.

Les travaux techniques de la BCE se sont concentrés sur les mouvements d’argent entrants et sortants dans les transactions hors ligne, afin que les contrôles anti blanchiment d’argent soient également assurés. Les transactions en ligne bénéficieront également d’un niveau de confidentialité plus élevé que les systèmes de paiement actuels.

La phase de préparation de l’euro numérique progresse bien et nous soutenons le débat démocratique en cours sur le cadre juridique de l’euro numérique“, a déclaré le directoire de la BCE. “L’euro numérique est un projet européen commun. À ce titre, nous continuerons à nous engager avec toutes les parties prenantes, y compris les citoyens européens, afin d’assurer le succès et les avantages pour nous tous.