Est-ce que l’euro numérique est attendu par les consommateurs ?
Pour l’instant, est-ce que la création d’un euro numérique suscite l’enthousiasme des foules ? Pas vraiment, puisque les français entre autres sont déjà familiarisés avec l’idée. N’agissent-ils pas de manière dématérialisée à chaque fois qu’ils utilisent leur carte bancaire pour payer leurs achats ou encore plus récemment leur mobile avec des solutions de paiement dédiées ?
La création de la monnaie européenne unique sous forme digitale ne répond donc pas à un besoin exprimé par le peuple, mais bien à une volonté de Bruxelles. Les banques, quant à elles, déjà confrontées à la cryptomonnaie, voient d’un mauvais œil l’arrivée de ce nouveau concurrent ; tout comme certains internautes qui parlent même de complot.
Pourquoi une telle création est-elle importante pour la BCE ?
Pour la BCE, pourtant, il y a un véritable enjeu. La crise du Covid-19 a vu l’essor de nombreux e-commerces et l’on constate dans le même temps celui des différentes cryptomonnaies avec un engouement particulièrement important de certains investisseurs ; même ceux ayant un petit capital. Il est désormais possible de payer en cryptomonnaies dans certains commerces et même les banques commencent à s’y mettre. Pour Bruxelles, cela est un signal de concurrence forte (trop forte) avec l’euro ; d’autant que les devises étrangères version numérique ont aussi fait leur apparition.
Pour l’instant, rien n’est encore fait puisque le cadre législatif doit être négocié pendant des mois au sein du Parlement Européen avec les Etats membres, mais il est fort probable que les français doivent composer avec cette monnaie digitale dans leur quotidien.
L’euro numérique va-t-il être un élément de remplacement de l’argent liquide ?
C’est en tout cas comme cela qu’il est pour l’instant perçu, d’où des campagnes de désinformation sur les réseaux sociaux, notamment. Pour les internautes, on voit dans l’apparition de cet argent dématérialisé un nouveau moyen de contrôle de l’Etat et plus largement de l’Europe qui saurait ; ce qui est impossible avec de l’argent liquide ; comment est utilisé l’argent et quelles sont les transactions financières effectuées par les particuliers.
La BCE tente de rassurer en affirmant que bien entendu, tout cela est faux et que l’euro numérique ne vise pas à remplacer l’espèce, mais serait une autre option possible de paiement. Les euros numériques pourraient faire l’objet d’un stockage sur un téléphone mobile, par exemple ou une carte. On pourrait grâce à lui payer hors-ligne, tout en préservant son anonymat. Est-ce que pour autant, il sera obligatoire de l’utiliser ? Non. Ce choix pourrait être fait par les particuliers, par exemple, pour leurs transactions personnelles ; tout comme les TPE et les associations pourraient refuser d’accepter l’euro numérique en tant que moyen de paiement pour leurs prestations.
C’est en tout cas ce qui figure pour l’instant sur le projet qui doit donc être examiné par le Parlement Européen pour voir s’il doit être mis en place et adopté par les 20 pays utilisant l’euro. Pour François Villeroy de Galhau, l’euro numérique « aura les mêmes caractéristiques (…) que l’argent liquide et garantira le respect de la vie privée ». Pour ce membre du Conseil des Gouverneurs de la BCE, cette création ; comme cela est déjà le cas en Chine avec le yuan numérique ou encore aux Etats-Unis ; est une évidence alors que quasiment tout dans le quotidien s’envisage de manière digitale.
Pour ceux qui sont pour sa création, ils voient un moyen formidable pour de nombreuses personnes en Europe d’avoir un compte en banque (4 millions d’européens n’en possèdent pas). Pour les banques en revanche, l’euro numérique représente une menace de perte en capital : que se passerait-il si les particuliers avaient l’envie de retirer leur argent et de le stocker en euros numériques ? Ces derniers ne pourraient pas être inscrits sur leur bilan comme cela est le cas aussi pour le cash…
Pourra-t-on se constituer une réserve d’euros numériques ?
La BCE pour ce dernier point se veut rassurante et a déjà écrit à ce sujet, dans le texte que la commission va examiner, qu’il sera possible de limiter l’euro numérique « comme réserve de valeur » en termes de somme. Cela signifie que chaque personne se verrait confrontée à un plafond de détention au-delà duquel elle ne pourrait plus les stocker. La somme de 3 000 euros a été évoquée. L’euro numérique ; s’il voit le jour ; ce qui semble très probable sera bien géré par les établissements bancaires en Europe et non pas par la BCE.