L’Europe, et plus précisément la zone euro à 20, semble prête pour un retournement économique décisif, et les raisons de ce regain d’optimisme sont au moins au nombre de deux : les dernières données PMI de la région et la baisse imminente des taux par la BCE lors de la réunion de ce jeudi 6 juin.

Le cadre dans lequel s’inscrit la reprise de la zone euro est assez complexe et encore plein de défis : transition énergétique, vulnérabilité de l’approvisionnement et des prix du gaz, guerres en cours, élections parlementaires européennes à venir, déficits élevés dans les États membres, vieillissement de la population, retard de l’industrie des véhicules électriques, fortes tensions et concurrence avec la Chine sous la forme de droits de douane.

Le contexte ne semble pas optimal pour une reprise durable de l’économie de la zone euro. Cependant, deux facteurs indiquent que la région pourrait finalement changer de cap.

1. L’expansion de l’activité économique, les données

L’activité économique de la zone euro a progressé à son rythme le plus rapide de l’année en mai, la croissance du secteur des services, dominant dans la zone, ayant dépassé la contraction de l’industrie manufacturière, selon une enquête privée, qui a également révélé un relâchement des pressions sur les prix.

L’indice composite des directeurs d’achat (PMI) de la HCOB pour l’union monétaire, compilé par S&P Global et considéré comme un bon indicateur de la santé économique globale, est passé de 51,7 en avril à 52,2 en mai, soit le niveau le plus élevé depuis mai 2023. Bien qu’il soit légèrement inférieur à l’estimation préliminaire de 52,3, il est resté au-dessus du seuil de 50 qui sépare la croissance de la contraction pour le troisième mois consécutif.

La récession est donc bel et bien évitée. Le mérite en revient toutefois au secteur des services, qui « devrait permettre à la zone euro de renouer avec une croissance positive au deuxième trimestre », selon Cyrus de la Rubia, économiste en chef à la Hamburg Commercial Bank.

L’indice PMI des services a légèrement baissé à 53,2 le mois dernier, après avoir atteint un sommet de 11 mois de 53,3 en avril, juste en dessous de l’estimation rapide de 53,3. Une autre enquête publiée lundi a montré que le ralentissement de l’activité industrielle pourrait avoir atteint un point d’inflexion. L’indice mesurant l’activité manufacturière est passé de 45,7 en avril à 47,3 en mai.

L’amélioration de la demande globale a alimenté l’optimisme pour l’année à venir. L’indice composite de la production future a atteint 63,1 en mai, son niveau le plus élevé depuis février 2022. Dans le même temps, les pressions globales sur les prix se sont atténuées, les prix à la production augmentant à leur rythme le plus lent depuis six mois. Cela pourrait rassurer la Banque centrale européenne, qui devrait réduire ses taux d’intérêt de 25 points de base jeudi.

2. Baisse des taux de la BCE

La BCE elle-même devrait donner une impulsion positive à l’économie européenne. La baisse imminente des taux directeurs, attendue avec la décision du 6 juin, soulagera sans aucun doute les consommateurs pressés par des paiements hypothécaires jusqu’ici en hausse et les entrepreneurs, coincés avec des prêts trop lourds.

Cela favorisera une reprise de la demande et donc de l’économie en général. Il faut cependant faire attention à l’inflation. Bien que les prix à la consommation se tassent, la hausse surprise du mois de mai a alerté sur une trajectoire descendante qui n’est pas encore solide. Par conséquent, plusieurs doutes subsistent quant à la poursuite de la baisse des taux par la BCE en juillet.