Alors que l’activité de remplissage des entrepôts d’hiver bat son plein, tous les ralentissements et les arrêts qui se produisent ces jours-ci inquiètent l’Europe. L’heure est aux alternatives à l’offre russe : quelles sont les solutions dont dispose réellement le vieux continent ?
L’Europe à court de gaz : la situation
Pour faire le point sur la situation actuelle des flux de gaz vers l’Europe via les routes russes, quelques graphiques suffiront. La base de données de Bruegel souligne que, au 5 juillet, Nord Stream 1 avait déjà réduit son débit à un niveau bien inférieur aux niveaux minimaux de ce gazoduc, avec 477,6 millions de mètres cubes par semaine, contre 1,113 million au début de l’année :
Le corridor de transit de l’Ukraine envoie principalement du gaz à l’Autriche, à l’Italie, à la Slovaquie et à d’autres États d’Europe orientale. Kiev, quant à lui, a fermé le pipeline de transit Sokhranovka qui traverse le territoire occupé par la Russie dans l’est du pays.
Les États européens ont tenté de réduire leur dépendance à l’égard du gaz russe. Certains ont déjà été coupés de l’approvisionnement russe après avoir refusé une demande russe de paiement en roubles. D’autres, dont l’Allemagne, ont encore besoin du gaz russe et tentent de remplir leurs réserves de gaz épuisées.
Les autres routes vers l’Europe comprennent le gazoduc Yamal-Europe, qui traverse le Belarus et la Pologne jusqu’à l’Allemagne, et le Nord Stream 1, qui passe sous la mer Baltique jusqu’à l’Allemagne. Ce dernier a une capacité de 33 milliards de mètres cubes (mmc), soit environ un sixième des exportations de gaz russe vers l’Europe.
Moscou a sanctionné le propriétaire de la partie polonaise du gazoduc Yamal-Europe qui achemine le gaz russe vers l’Europe. L’Autriche, l’Allemagne, l’Italie, la Slovaquie et la République tchèque ont reçu de plus petits volumes par le biais de Nord Stream 1. Le Kremlin a affirmé que la réduction des approvisionnements par Nord Stream 1 n’était pas préméditée, accusant les sanctions occidentales d’avoir retardé le retour des équipements envoyés au Canada pour maintenance.
Les débits de gaz sont tombés à zéro dès l’arrêt annuel de maintenance de Nord Stream 1 démarré ce 11 juillet.
D’où viendra le gaz sans la Russie ?
La course au remplacement de l’approvisionnement en combustible russe s’intensifie en Europe, la nation allemande étant particulièrement alarmée.
L’Allemagne, premier consommateur européen de gaz russe, qui a interrompu la certification du nouveau gazoduc Nord Stream 2 en provenance de Russie en raison de la guerre en Ukraine, pourrait importer du gaz de Grande-Bretagne, du Danemark, de Norvège et des Pays-Bas par gazoduc. La Norvège, deuxième exportateur européen après la Russie, a augmenté sa production pour aider l’UE à atteindre son objectif de mettre fin à sa dépendance à l’égard des combustibles fossiles russes d’ici 2027.
Dans le même temps, la société britannique Centrica a signé un accord avec la société norvégienne Equinor pour la fourniture de gaz supplémentaire au Royaume-Uni au cours des trois prochains hivers. La Grande-Bretagne ne dépend pas du gaz russe et peut également exporter vers l’Europe via des gazoducs. L’Europe du Sud peut recevoir du gaz azéri par le gazoduc transadriatique vers l’Italie et le gazoduc transanatolien (TANAP) à travers la Turquie.
Les États-Unis ont déclaré qu’ils pouvaient fournir 15 milliards de mètres cubes de gaz naturel liquéfié (GNL) à l’Union européenne cette année. Les terminaux européens ont toutefois une capacité limitée pour les importations supplémentaires, bien que certains pays disent chercher des moyens d’accroître les importations et le stockage.
Enfin, plusieurs nations peuvent chercher à combler les lacunes en matière d’approvisionnement énergétique en se tournant vers les importations d’électricité via les interconnecteurs de leurs voisins ou en augmentant la production d’électricité à partir du nucléaire, des énergies renouvelables, de l’hydraulique ou du charbon.
La disponibilité de l’énergie nucléaire diminue en Belgique, en Grande-Bretagne, en France et en Allemagne, les centrales subissant des perturbations du fait de leur vieillissement, de leur déclassement ou de leur fermeture progressive. L’Europe a essayé d’éliminer progressivement le charbon pour atteindre ses objectifs climatiques, mais certaines centrales électriques au charbon ont été relancées depuis la mi-2021 en raison de la hausse des prix du gaz.
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