Baisse des rendements des obligations souveraines
Pour expliquer les raisons de ce phénomène, précise le journal britannique, il faut voir ce qui se passe sur le front des obligations d’État : si l’on regarde la courbe chinoise, on passe d’un rendement de 1,5 % pour l’obligation d’État annuelle, à 1,6 % pour le deux ans, jusqu’à 2,2 % pour le dix ans et 2,4 % pour le trente ans.
Ces valeurs sont nettement inférieures à celles auxquelles nous sommes habitués depuis longtemps dans les économies occidentales.
Au cours du premier semestre de cette année, les investisseurs nationaux se sont empressés d’acheter des obligations souveraines à moyen et long terme, comprimant les rendements, poussés par des craintes déflationnistes et une forte baisse de la demande des consommateurs.
Les mouvements de fonds
En réaction, les investisseurs internationaux, voyant des rendements beaucoup plus attractifs aux États-Unis, ont réduit leur présence dans la dette souveraine de Pékin, qui, selon un certificat émis par la société de dépôt d’obligations d’État ChinaBond, a chuté de 10 % à 7 % en un an, et pèse maintenant 2,2 trillions de yuans (environ 300 milliards de dollars). Dans le même temps, explique le FT, la dette intérieure chinoise reste relativement attractive pour les investisseurs étrangers, qui peuvent également rechercher un rendement supplémentaire en convertissant des dollars en renminbi (la monnaie nationale), qu’ils peuvent ensuite placer dans des obligations.
La carte des obligations bancaires
C’est là qu’interviennent les obligations bancaires, qui offrent des rendements légèrement plus élevés et des échéances plus courtes que la dette souveraine. « Lorsque vous concluez un contrat à terme pour couvrir votre exposition, vous bénéficiez d’une augmentation de rendement intéressante, actuellement d’environ 4 points de pourcentage sur une base annuelle, en plus de celle des obligations d’État sous-jacentes », commente Sabrina Jacobs, gérante chez Pictet Asset Management.
« Cela porte le rendement à 6 %, en dollars, pour une classe d’actifs qui n’est pas corrélée au marché américain ». Des opérations de change, en somme, capables de générer des rendements plus élevés (en dollars) que les bons du Trésor américain. Ce n’est pas un hasard si ce type de dette bancaire a représenté environ les deux tiers des achats nets d’obligations chinoises par les investisseurs étrangers au cours de l’année écoulée.
Le rébus de la banque centrale
La PboC (banque centrale chinoise) pourrait intervenir sur le marché des obligations d’État pour empêcher une baisse marquée des rendements à long terme : il s’agirait de la première intervention de ce type depuis des décennies. Toutefois, les investisseurs parient sur le fait que les banques locales et les épargnants nationaux continueront à acheter des obligations d’État au lieu de prêter à une économie qui ralentit. Si les objectifs officiels de croissance du PIB sont atteints, les experts estiment qu’il sera difficile pour la banque centrale d’intervenir. Cela pourrait entraîner la poursuite des investissements dans les obligations bancaires plutôt que dans les obligations souveraines.