L’effet Covid-19 : les propriétaires parisiens s’en mordent les doigts
Il y a quelques décennies, quand une personne souhaitait être certaine de trouver du travail, on lui conseillait souvent de se rendre à la Capitale qui était censée pourvoir à tous les besoins. Désormais, si personne ne peut remettre en question l’aura que dégage Paris ; considérée encore par beaucoup comme la plus belle ville du monde ; force est de constater que la donne a changé et qu’il faut remercier en cela (ou maudire), l’épidémie de Covid-19 et les confinements.
Désormais, les acheteurs ne se bousculent plus pour habiter Paris. Les prix demandés étaient trop chers, la ville, même en ayant de nombreux parcs et espaces de verdure, ne répondait plus aux nouvelles aspirations des habitants et l’on assiste à un exode vers les campagnes. Un total renversement de situation donc, amplifiée par l’essor du télétravail. Alors que les biens étaient moins nombreux que la demande en la matière, on constate une hausse de 28% depuis le début de l’été par rapport à la même période, l’année dernière.
Pour certains, c’est inédit. D’autant que le nombre de biens s’accompagne d’une baisse des prix. Elle reste toute relative, comparé à ce qui pourrait se pratiquer ailleurs, bien entendu (-0.7%). Est-ce que les acquéreurs potentiels doivent se ruer sur ces appartements ou ces maisons ? C’est à soupeser en ayant tous les éléments en tête.
Passoire thermique et guerre des prix : le nouveau défi des propriétaires
Les prix baissent, soit, mais pour les propriétaires, pas question de brader leur prix pour autant. Selon certains professionnels de l’immobilier, ils vont certainement demander plus (presque 7%) pour anticiper sur les négociations qui ne manqueront pas d’arriver. Les acquéreurs potentiels peuvent donc espérer retrancher cette somme, de leur futur bien, dans leurs calculs pour savoir s’ils passent en banque.
La question à se poser est : pourquoi une telle proportion de biens en vente ? Tout simplement parce qu’il s’agit pour beaucoup de biens énergivores qui étaient (et le sont peut-être encore) mis en location. Les propriétaires bailleurs de ces passoires énergétiques, qui ont déjà vu le loyer gelé depuis la fin du mois d’août, ne veulent pas, pour beaucoup, entamer des travaux coûteux pour que le DPE n’excède pas D.
En effet, dans moins de 3 ans, il ne sera plus possible de louer un bien qui serait classé G. Cela ne signifie pas qu’il faille entreprendre des travaux pour gagner une lettre, ou deux au niveau du diagnostic des performances énergétiques : cela serait reculer pour mieux sauter. Bientôt, les biens classés F et E subiront le même sort. Les personnes qui vont acheter ces biens doivent donc escompter devoir ajouter une enveloppe travaux dans leur crédit immobilier pour profiter de son taux d’intérêt.
Autre possibilité, l’acheter tel quel, et échelonner les travaux avec des crédits à la consommation ou de l’épargne personnelle, mais s’attendre à payer cher au niveau des factures, sans pour autant parfois, éprouver le confort escompté. Cet achat, pour les raisons évoquées plus haut, ne peut être que pour une résidence principale ou secondaire. Il ne faut pas espérer louer le bien, à moins donc, de prouver au banquier que l’on va faire les travaux et que le montant du loyer va aider à rembourser la mensualité du prêt.
Il est certain qu’en ce moment, contrairement à ce qui se pratiquait avant, ce sont les acheteurs qui sont en position de force. Toutefois, il convient de garder la tête froide et d’avoir tous les paramètres pour faire une offre. Il ne faut pas oublier qu’au niveau de la banque, avec la hausse des taux, les conditions de prêt qui se sont durcies, plus de 60% des demandes sont refusées.