Marché de la construction : la lente dégringolade
Pendant le confinement, le secteur de la construction n’a pas été épargné. Alors que beaucoup de chantiers étaient en stand-by, il a fallu, lors de la reprise, composer avec des retards d’acheminement des matériaux et donc ne pas être en mesure de livrer les constructions à temps. Alors que les commandes reprenaient, les entreprises de bâtiment ont continué à ressentir des problèmes de recrutement. Le secteur n’attire plus car les conditions de travail sont difficiles. Cette difficulté perdure encore aujourd’hui.
La hausse du prix des matériaux a entrainé mécaniquement celle des prix des logements : l’acquéreur a donc été impacté par la crise. Ajoutons à cela que le secteur du bâtiment doit répondre désormais à des contraintes et normes très strictes pour limiter l’empreinte carbone, proposer des logements aussi peu énergivores que possibles et que les dossiers déposés en service urbanisme pour étude sont examinés avec du retard. Tout cela donne déjà une idée de ce que doivent traverser les professionnels du bâtiment.
Inflation et perte de pouvoir d’achat : la goutte d’eau qui fait déborder le vase
La guerre entre la Russie et l’Ukraine et donc l’inflation sont venues ajouter une difficulté supplémentaire. Les français ont leur pouvoir d’achat en berne et cela se ressent au niveau immobilier. Ils ne sont pas en capacité actuellement de prendre un logement neuf (ni même dans l’ancien) car beaucoup de dossiers ne passent plus en banque.
Les établissements bancaires qui constatent un trop faible écart entre le taux d’usure et le taux d’intérêt ne prêtent qu’aux excellents dossiers ; c’est-à-dire une infime part des acquéreurs, afin de limiter au possible les risques. Plus de 60% des dossiers ne passent plus. Pourtant, le prix de l’immobilier est en train de connaitre une certaine baisse dans 6 grandes villes sur 10 ; ce qui pourrait laisser augurer une reprise des ventes dans ces dernières alors que d’autres continuent à voir leurs prix augmenter.
C’est pourtant sans compter sur le taux d’intérêt justement qui a passé le seuil des 2% et amorce toujours une augmentation (on s’attend à plus de 3% peut-être, selon certaines estimations dans le courant de l’année 2023). Dans différentes villes de France, pour un prêt sur 20 ans qui est la durée de remboursement moyen, le taux demandé varie entre 2,40 et 2,77%.
La flambée des taux a bien entendu un impact sur les mensualités qu’il faut rembourser à la banque pour le prêt. Si elles sont déjà de presque 1 600 euros à Toulouse, il faut dépenser ; uniquement pour ce poste : plus de 4 300 euros chaque mois si l’on veut acheter sur Paris.
Que ce soit Nice (où la hausse est la plus significative), Marseille ou encore Toulouse, l’érosion du pouvoir d’achat immobilier est de plus en plus importante et constitue donc un frein important à l’achat. Empruntis qui est à l’origine de cette enquête analyse que pour que la donne change dans ce domaine, il faudrait ; en l’absence de l’arrêt de l’épisode inflationniste, sans doute ; que les prix des biens continuent à baisser un peu partout en France. Mécaniquement, cela serait le seul moyen de rompre cette situation qui semble inextricable de part et d’autre.