
Les droits de douane sur les matières premières risquent de paralyser la production automobile, en particulier celle des véhicules électriques, qui ont un besoin disproportionné de métaux et d’aimants issus des terres rares. Ce n’est pas un hasard si Elon Musk fait tout son possible pour obtenir une révision des tarifs américains, sans pour l’instant ébranler la position de Donald Trump. Dans le même temps, les effets désastreux sur le marché des véhicules électriques inquiètent également l’Union européenne, qui est prête à négocier avec Pékin pour trouver une solution commune.
Terres rares : la réponse de la Chine
La Chine et les États-Unis se sont lancés dans un jeu dangereux, personne n’est prêt à céder, mais au contraire, les dirigeants sont de plus en plus déterminés à montrer leur fermeté à leur adversaire. Ainsi, après que Trump ait encore augmenté les droits de douane « parce que la Chine a imprudemment décidé de réagir contre les États-Unis » (comme l’a déclaré la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt), Xi Jinping répond encore plus durement. Comme le révèle un récent rapport du New York Times, Pékin a en effet interdit l’exportation de 6 des 17 éléments extraits des terres rares. Il s’agit notamment du :
- samarium ;
- gadolinium ;
- terbium ;
- le dysprosium ;
- le lutétium ;
- le scandium ;
- l’yttrium.
De plus, l’exportation d’aimants au néodyme nécessite une autorisation spéciale qui prend beaucoup de temps. Les nouvelles mesures concernent tous les pays qui achètent ces matériaux à la Chine, qui domine aujourd’hui le marché des terres rares grâce à des politiques industrielles que l’Occident n’est pas en mesure de soutenir. Les coûts d’extraction constituent le principal obstacle à la diversification de l’industrie minière, consolidant ainsi la dépendance vis-à-vis de la Chine, forte de ses investissements massifs mais aussi d’une certaine négligence en matière de protection de l’environnement et de la santé.
Paradoxalement, la demande en terres rares est appelée à croître de manière exponentielle au cours des prochaines décennies, précisément en raison des engagements pris en faveur de la transition énergétique.
La production automobile risque d’être rapidement paralysée
Les restrictions à l’exportation des terres rares imposées par la Chine ont été commentées de manière emblématique par Michael Silver, PDG d’American Elements, selon lequel la production risque de s’arrêter complètement en raison de la longue attente pour l’obtention des licences. Les nouvelles restrictions sur les exportations d’aimants au néodyme ralentissent considérablement la chaîne de production, car il faut environ un mois et demi pour obtenir l’autorisation.
Les stocks des constructeurs automobiles permettent une certaine autonomie, mais certainement pas suffisante pour couvrir le temps nécessaire à la diversification de l’approvisionnement. Les métaux rares sont en effet devenus de plus en plus importants dans la production automobile, grâce à l’incroyable efficacité qu’ils confèrent aux composants. Pour les véhicules électriques, cela concerne principalement les aimants, principalement à base de néodyme ou de praséodyme, qui garantissent une puissance bien supérieure à celle des aimants ferrites courants. Dans le même temps, les autres voitures ne sont pas non plus totalement à l’abri de risques.
Les métaux rares sont également utilisés en grande quantité dans les convertisseurs catalytiques des voitures équipées d’un moteur thermique, ainsi que dans la production de capteurs et de radars. La situation est donc préoccupante, sans compter les nombreux autres domaines d’utilisation de ces métaux, de la technologie à la santé. Les négociations en cours avec Trump ne concernent pas la Chine, qui a décidé de suivre une voie moins diplomatique, mais l’espoir d’inverser la tendance avant une guerre commerciale ne peut être écarté.
Le rôle de l’Union européenne peut devenir de plus en plus important, surtout si elle envisage réellement de suspendre les droits de douane sur les voitures électriques chinoises. Trump, quant à lui, a clairement indiqué que les alliés de Pékin ne seraient pas considérés comme des amis par les États-Unis.