Pourquoi le rôle des banques centrales est-il si important dans l’économie d’un pays ? Pourquoi ces institutions augmentent-elles les taux d’intérêt pour freiner l’inflation ? Que signifie injecter des liquidités dans le système et à quoi cela sert-il ? Il est important de comprendre ces concepts afin de mieux orienter ses décisions en matière d’épargne, de dépenses et d’investissement.

Essayons de simplifier. Nous savons que l’inflation représente l’augmentation des prix dans le temps. Si un litre d’essence coûte 1,65 euro en mai 2023 et 1,95 euros en mai 2024, cela signifie que ce bien, a augmenté de 18 % en un an, et donc que le taux d’inflation de ce bien sur la période a été de 18 %. La conséquence la plus grave de l’inflation est la perte du pouvoir d’achat : en mai 2023, vous avez dépensé 75 euros pour faire le plein d’essence, en mai 2024, avec 75 euros, vous ferez moins des trois quarts du réservoir.

Le taux d’inflation annuel (des prix à la consommation) est une mesure de la croissance moyenne des prix d’un panier de biens représentatifs de la consommation de la population. Il est important de savoir qu’une forte inflation n’apporte jamais rien de bon. Principalement parce qu’elle se comporte en “spirale” et qu’elle s’auto-entretient.

Quels sont les facteurs à l’origine de l’inflation ?

En général, par des facteurs tels que :

  • la raréfaction soudaine d’une matière première (par exemple, le gaz ou le pétrole en raison de la guerre entre la Russie et l’Ukraine) et donc l’augmentation de son prix qui se répercute sur l’augmentation des coûts de production de nombreux autres produits ;
  • la facilité d’accès au crédit et donc la quantité d’argent en circulation (l’argent se comporte comme n’importe quelle marchandise : plus un pays en dispose, moins il lui en coûte de l’emprunter). À long terme, si emprunter ne coûte rien ou presque, la capacité à dépenser et donc la demande de biens se multiplient. Si un bien est très demandé, il est facile pour ceux qui le produisent d’en augmenter le prix jusqu’à ce que l’acheteur marginal ne l’achète plus parce qu’il le juge trop cher ;
  • les embargos commerciaux à l’égard des pays produisant des biens à bas prix, etc.

Comment intervenir pour casser la spirale inflationniste ?

C’est principalement là qu’intervient le rôle des banques centrales. L’arme principale pour contrôler l’inflation est le niveau des taux d’intérêt.

Le taux de référence d’un pays est en effet fixé par la Banque centrale de ce pays (la Banque centrale européenne ou BCE en Europe, la Federal Reserve ou FED aux États-Unis, la Bank of England ou BOE en Angleterre…) et constitue le paramètre de définition des principales opérations de refinancement. Il détermine le coût de l’argent qui transite par les banques et se répercute sur le coût des crédits accordés aux ménages et aux entreprises.

Combattre l’inflation

Les banques centrales ont pour rôle de réguler l’économie d’un pays : si l’économie ralentit, elles baissent les taux d’intérêt pour stimuler la demande de crédits des entreprises et des consommateurs, afin que les premières produisent davantage et que les seconds consomment plus. Si l’économie s’accélère trop, entraînant une hausse trop importante des prix, ou si les prix augmentent pour d’autres raisons (comme cela s’est produit cette année), ils augmentent les taux d’intérêt afin de rendre les emprunts plus coûteux et de freiner ainsi la consommation et l’investissement. La réduction de la demande de biens signifie que les producteurs seront contraints de cesser d’augmenter leurs prix pour pouvoir vendre.

En outre, en réduisant les anticipations d’inflation, les travailleurs craignent moins de perdre le pouvoir d’achat de leur argent et demandent donc moins d’augmentations de salaires, ce qui contribue à briser le mécanisme de la spirale inflationniste.

Le taux de référence a-t-il également un rapport avec le rendement des placements obligataires ?

Bien sûr, le taux de référence fonctionne aussi dans l’autre sens ! Le rendement des obligations augmente à mesure que le taux de référence fixé par les banques centrales augmente. Cela s’explique par le fait que les obligations ne sont rien d’autre qu’un prêt que l’investisseur accorde à l’émetteur du titre. Si le coût d’un prêt bancaire augmente, il est évident que le coût d’un prêt obligataire augmente également, et donc le rendement pour le “prêteur”.

Existe-t-il un moyen d’éviter la perte de pouvoir d’achat de la monnaie en période de forte inflation ?

Le meilleur choix est certainement de ne pas garder son épargne sur son compte courant, car on subit alors une perte totale de pouvoir d’achat. Mais si les marchés financiers et obligataires baissent, en investissant, vous perdez deux fois !

Personne ne peut savoir si le marché a atteint son point bas, quand il se stabilisera et quand il effectuera des reprises de courte durée ou reprendra une tendance haussière durable. Mais il le fera. Il y a déjà eu de bons points d’entrée cette année et il y en aura d’autres, tant sur le marché des actions que sur celui des obligations. C’est donc en effectuant des dépôts récurrents sur un portefeuille diversifié et en investissant de manière disciplinée que vous pourrez faire fructifier votre épargne en regagnant du pouvoir d’achat au fil du temps.