La BCE, qui se réunira pour la première fois en 2023 le 2 février, deviendra-t-elle moins agressive dans sa politique de relèvement des taux ? Ce à quoi il faut s’attendre, sur la base des relevés de prix en Europe ces jours-ci.
L’inflation ralentit en Europe, mais pas dans toutes les catégories
Le dépassement du pic de l’inflation européenne peut être une bonne nouvelle pour les consommateurs, les entreprises et les banquiers, mais il est trop tôt pour dire si le vent tourne vraiment.
La chute des prix de l’énergie a contribué à faire baisser l’inflation en France, qui est tombée à 6,7 pour cent au cours de l’année se terminant en décembre, alors que les économistes s’attendaient à une légère hausse après 7,1 pour cent en novembre. La mesure des prix harmonisés fait suite à des relevés similaires en Espagne et en Allemagne et a renforcé les attentes selon lesquelles l’inflation globale dans la zone euro diminuera fortement après avoir atteint des niveaux à deux chiffres l’année dernière.
Une baisse plus marquée que prévu de l’inflation au début de l’année 2023 permettrait à la Banque Centrale Européenne, qui a augmenté agressivement les coûts d’emprunt au cours de l’année 2022 pour contrer les prix records, de cesser de relever les taux avant l’été. Cependant, les données de cette semaine ont également indiqué que si la baisse des prix de l’énergie a réduit l’inflation globale, les pressions sur les prix de base des autres biens et services sont restées largement inchangées ou ont même continué à augmenter.
L’inflation de base, qui exclut les variations des prix de l’énergie et des denrées alimentaires, a augmenté en Espagne et l’Allemagne a enregistré une hausse des prix des services. Ce n’est qu’en France que le rythme de croissance des prix des services a également diminué.
La bonne nouvelle est que l’inflation de la zone euro devrait tomber à un chiffre pour la première fois en trois mois, grâce à la baisse des prix de l’énergie payés par les ménages et les entreprises de la région, conséquence des mesures prises par les gouvernements de la région pour maîtriser le coût du gaz et d’un temps plus chaud que d’habitude ces derniers mois.
Cependant, la BCE ne sera toujours pas aussi optimiste lorsqu’elle se réunira le 2 février.
Que décidera la BCE en 2023 ? Aucune surprise attendue
Bien que soulagés par ces dernières données, les économistes ne doutent pas que la BCE ne modifiera pas sa politique monétaire agressive au cours des premiers mois de l’année. Comme aux États-Unis, où la Réserve fédérale reste résolue à augmenter les taux malgré cinq mois de ralentissement de l’inflation, un changement dans les plans de politique de la BCE est peu probable.
La présidente Christine Lagarde a déjà promis une autre augmentation d’un demi-point des taux d’intérêt lors de la prochaine réunion – et peut-être celle d’après – sur la base de 250 points de base d’avancées depuis juillet. Les dernières projections de la BCE montrent que l’inflation n’atteindra pas l’objectif de 2 % avant la fin de 2025. Les prévisions actualisées ne seront pas disponibles avant le mois de mars.
Le pic d’inflation est peut-être effectivement derrière nous, mais le problème est la rigidité sous-jacente de l’inflation, a déclaré Piet Christiansen, stratège en chef de la Danske Bank A/S. “Par conséquent, la décision de février est gravée dans le marbre“. Tout le monde s’attend donc à ce que la BCE relève le taux de dépôt d’un demi-point de pourcentage en février et en mars, pour le porter à 3 %. Les surprises, peut-être, viendront des réactions des marchés boursiers et, surtout, obligataires.