Est-ce la fin des banques en ligne ?
ING, confrontée à des difficultés depuis quasiment une décennie, baisse le rideau. La banque en ligne a prévenu ses clients qui devaient trouver une solution de repli sous quelques mois. Pourtant, elle ne disparait pas tout à fait puisque c’est une de ses concurrentes ; qui reprend les 700 000 clients qui avaient souscrit un compte chez elle. Apparue en même temps quasiment que l’explosion d’Internet dans les années 2000, ING était un des modèles précurseurs. Avec un livret d’épargne Orange affichant un taux de rendement insolent de 5%, c’était LA banque où il fallait être, comme un signe ostentatoire de richesse.
Ce mono produit, a peut-être été la conséquence de ses heures de gloire mais aussi celle de sa déchéance. Il est vrai qu’un tel taux a attiré bon nombre de clients pendant des années ; ce qui était clairement le but affiché d’ING, alors même que d’autres concurrents commençaient à apparaitre. Parmi eux, celui qui, vingt ans plus tard, rachètera son portefeuille client.
Ce qu’ING a négligé sans doute, c’est la crise financière de 2009 et l’euro. Alors que les Banques centrales prônaient des taux d’intérêt bas, le fait de proposer un seul produit était sans doute une erreur. Autre chose qu’ING aurait dû prendre en considération : la mise en place des applications mobiles et donc, la révolution digitale. Elle le paie de façon amère aujourd’hui : autres concurrentes en ligne, toujours plus offensives et néo banques sont venues grossir l’offre, avec des promesses séduisantes pour les clients : pas ou peu de frais, des démarches et des services simplifiés.
Le géant hollandais a commencé à perdre du terrain il y a déjà plus de 10 ans. Son célèbre livret Orange a perdu de ses couleurs, avec un taux d’intérêt de moins en moins intéressant. D’abord divisé par deux ; puis désormais à 0,01%. A côté de lui, le Livret A semble un produit audacieux, c’est dire. Les autres attirent la clientèle à coup d’offre de bienvenue, allant de 50 à 120 euros. Bien sûr, à produits et frais égaux, le plus souvent, cela peut faire toute la différence.
Néo banques : la véritable menace
La chute du géant pose question dans l’univers des banques en ligne qui redoutent d’être la suivante sur la liste. En effet, chacune, dans le but de s’attirer des clients, a fait le choix d’une politique différente. Mais aucune stratégie ne peut rien contre des taux d’intérêt trop bas et des coûts de fonctionnement informatique qui deviennent de plus en plus lourds.
Les banques classiques ; c’est-à-dire physiques ; ne vont guère mieux. Après la crise épidémique et les confinements, elles ont été obligées de passer par l’aventure digitale, mais cela ne porte guère ses fruits.
Pour l’instant, seule la Société Générale, et par extension Boursorama Banque qui en est la filiale, se porte bien ; même si elle perd de l’argent tous les ans. Elle essaie de tenir bon encore pendant deux ans. Avec le fait d’avoir racheté ING, elle va bientôt franchir la barre des 4 millions de clients et propose des produits variés, allant du prêt à la consommation au prêt immobilier, sans oublier la Bourse.
Mais ce sont surtout les néo banques qui inquiètent. Si ces applications de paiement séduisent par leur simplicité et ont attiré d’ores et déjà des millions de clients, elles vont gagner en produits et en services d’ici quelques temps en proposant tout ce dont pourrait avoir un client…Pour les banques, quelles qu’elles soient, ce sont elles les vraies menaces.
Très peu de banques en ligne sont désormais rentables. Les personnes qui veulent changer d’établissement bancaire doivent en avoir conscience. Faut-il attendre et voir comment évoluent les néo banques ? Prendre pour acquis le fait qu’elles révolutionnent le monde bancaire et sauter le pas, dès à présent ? La question est là.