Malgré les défis économiques à court terme pour la région, la résilience des marchés du travail devrait contribuer à soutenir les dépenses de consommation. Tout en étant de plus en plus prudents quant aux perspectives de croissance et aux risques latents d’une crise plus grave sur les marchés du crédit, les ménages ont préféré renforcer leurs bilans plutôt que d’augmenter leurs dépenses.
Toutefois, l’épuisement possible de l’épargne des ménages pourrait entraîner une modération de la consommation, en particulier en Allemagne et en France, où le taux d’épargne reste relativement élevé. L’effet positif sur les revenus réels d’une baisse de l’inflation primaire pourrait aider la zone à éviter une récession plus grave. Malgré une situation macroéconomique complexe pour les investisseurs, il est important de distinguer l’environnement externe des fondamentaux des entreprises. Les actions européennes sont, selon nous, favorisées par trois facteurs clés.
1. Les fondamentaux des entreprises
Bien que les actions européennes se soient toujours négociées avec une décote par rapport aux actions américaines, cette décote a atteint un niveau record. Actuellement, les marchés américains se négocient à un ratio cours/bénéfice prospectif à 12 mois de 17,6 contre 11,7 pour l’Europe ; il s’agit d’une décote de 33 %, bien supérieure à sa moyenne historique. Cela ne dépend pas seulement des valorisations élevées du marché américain dues à la prédominance du secteur technologique.
Dans plusieurs secteurs en Europe, nous trouvons des entreprises qui se négocient à des multiples bien inférieurs à ceux de leurs homologues américains. En profitant de ces valorisations attrayantes et en creusant plus profondément, grâce à une approche active et ascendante, une entreprise à la fois, il est possible de dénicher des opportunités d’investissement intéressantes qui n’ont pas été prises en compte par le marché.
Une autre caractéristique intéressante et souvent sous-estimée des entreprises européennes est leur rendement en dividendes plus élevé que celui des autres marchés. Cette tendance devrait se poursuivre, puisque l’Europe, selon les estimations du consensus, devrait dépasser les États-Unis en termes de croissance des dividendes au cours des deux prochaines années.
Les dividendes peuvent jouer un rôle important en période d’incertitude économique ou de marché : ils agissent comme un mécanisme de stabilisation, protégeant contre de nouvelles baisses des prix des actions.
2. L’empreinte mondiale de l’Europe
L’Europe abrite certaines des multinationales les plus prospères du monde dans des secteurs et segments diversifiés. Ces entreprises ont une empreinte mondiale, une caractéristique avantageuse qui leur permet d’exploiter les opportunités dans leur propre pays mais aussi de se développer à l’échelle internationale.
Le fait de compter sur des sources de revenus diversifiées confère à ces entreprises une plus grande résilience en période de ralentissement économique mondial, car elles sont en mesure de transférer des ressources et des capitaux vers des secteurs à croissance plus rapide.
Certaines des multinationales européennes les plus prospères sont très habiles à exploiter des sources de revenus externes, de l’Asie à l’Amérique latine en passant par les États-Unis. L’innovation est la clé pour attirer et fidéliser les clients dans le monde entier. Il existe une multitude d’exemples d’entreprises européennes qui démontrent que l’innovation n’est pas l’apanage des États-Unis ou du secteur technologique.
Ces entreprises réalisent des percées innovantes dans un large éventail de secteurs, des produits pharmaceutiques et chimiques industriels à l’aérospatiale et à la défense.
Des opportunités de croissance diversifiées à long terme
Aux États-Unis, les gros titres ont été dominés par les “7 magnifiques” grandes capitalisations du secteur technologique, dont dépendent en grande partie les rendements du marché boursier américain en 2023. Pour se faire une idée de la concentration du marché américain en examinant la contribution des 10 premières actions de l’indice par capitalisation à la fin du mois de novembre, ce petit groupe a contribué à hauteur de 77 % à la performance globale de l’indice S&P 500 depuis le début de l’année, alors qu’il ne représentait que 33 % de la pondération de l’indice.
En Europe, en revanche, les dix premières actions de l’indice MSCI Europe représentaient environ 22 % de l’indice, mais ont contribué à hauteur de 24 % au rendement total de l’indice au cours de l’année. Ce chiffre tient même compte de la contribution substantielle de Novo Nordisk. Le géant pharmaceutique est non seulement le plus grand composant de l’indice européen, mais son action s’est appréciée de 50 % au cours de la période grâce aux fortes ventes de Wegovy et d’Ozempic, ses médicaments à grand succès pour le traitement du diabète et la perte de poids.
Les dix principaux composants de l’indice MSCI Europe ont considérablement changé au cours de la dernière décennie. Aujourd’hui, ils varient en fonction du secteur et du segment et sont très différents des entreprises cycliques qui symbolisaient l’opportunité d’investissement que représentait l’Europe dans le passé. Les principales caractéristiques sont les suivantes : des flux de revenus mondiaux, une croissance stable et robuste des bénéfices, des bilans sains et des dividendes en hausse.
Il ne fait aucun doute que l’Europe est confrontée à un certain nombre de défis à court terme. Toutefois, une approche ascendante peut aider à identifier les entreprises qui peuvent prospérer indépendamment de l’environnement économique. Les valorisations attrayantes auxquelles se négocient les actions européennes peuvent constituer un bon point d’entrée pour les investisseurs désireux de tirer parti de thèmes d’investissement pluriannuels liés à une croissance séculaire.