On n’échappe pas à la politique. Le samedi 27 juillet, Donald Trump a annoncé qu’une fois de retour à la Maison Blanche, il ne vendrait jamais les bitcoins accumulés par le gouvernement américain par le biais de saisies judiciaires et qu’au contraire, ceux-ci constitueraient la base de la réserve stratégique nationale, au même titre que l’or actuellement. La réponse de l’administration Biden, dirigée par les démocrates, a été immédiate : le lundi 29 juillet, le gouvernement américain a transféré 2 milliards de dollars en bitcoins, provoquant la chute des cours, déjà en baisse.

L’action de l’administration Biden

Les données de la chaîne de blocs d’Arkham Intelligence ont montré qu’un portefeuille marqué « US Government : Silk Road Doj » a transféré 29 800 bitcoins liés au site web Silk Road à une adresse non identifiée sans historique de transactions. Cette adresse a ensuite transféré 19 800 et 10 000 bitcoins respectivement à deux adresses différentes. Ces mouvements ont généralement lieu dans l’imminence d’une vente sur le marché. Résultat : à la suite des déclarations de Trump, le bitcoin a atteint près de 70 000. Suite à la décision du gouvernement, en totale contradiction avec les promesses de Trump, le bitcoin a chuté hier à son plus bas niveau de la journée, à 65 581 dollars.

Le message est clair : l’administration Biden et les démocrates en général n’aiment pas le bitcoin et veulent montrer par l’action qu’ils ont une approche complètement différente de celle du candidat républicain à la Maison Blanche.

D’autre part, samedi 27 juillet, Trump s’est adressé au public de la conférence Bitcoin à Nashville avec sa crudité habituelle : « Si les démocrates gagnent, chacun d’entre vous sera fini ». Il est certain que si certains démocrates (il semble qu’il y en ait eu) avaient l’intention de faire pression sur la nouvelle candidate Kamala Harris pour la persuader d’adopter une attitude plus souple à l’égard du monde des crypto-monnaies, ils pourraient maintenant y réfléchir à deux fois.

L’affaire Ross Ulbricht

De la décision de l’administration Biden de vendre découle un autre message : ceux qui ont été déplacés il y a deux jours proviennent précisément du portefeuille contenant les bitcoins saisis sur Silk Road, le marché lancé sur le darknet par Ross Ulbricht en 2011. Un marché où les paiements se faisaient en bitcoins et étaient strictement anonymes. Notamment parce qu’il s’agissait souvent de transactions illicites, en premier lieu l’achat et la vente de drogues.

Arrêté à San Francisco en 2013, à l’âge de 29 ans, Ulbricht est depuis enfermé en prison, où il purge une peine de prison à vie (il a été condamné à deux peines de prison à vie, pour être précis). Il réside actuellement dans le pénitencier de Tucson, en Arizona. Or, lors de la conférence Bitcoin de Nashville, Trump a proclamé, sous les applaudissements de l’assistance, que dès qu’il serait réélu président, il libérerait Ulbricht.

Pour de nombreux bitcoiners, Ulbricht est une sorte de Julian Assange qui a lancé Silk Road pour réaliser ses idéaux de libre-échange et de liberté individuelle. Certains seront scandalisés, mais le vote libertaire pourrait permettre à Trump de gagner quelques États.