La Banque d’Angleterre et la loi de finances 2025
La Banque d’Angleterre a calculé que la loi de finances 2025 de Rachel Reeves soutiendra la croissance du PIB britannique, mais qu’elle attisera l’inflation, qui n’était que de 1,7 % en septembre. La décision de réduire les taux britanniques de 25 points de base a été motivée par l’institution par la nécessité que « la politique monétaire reste restrictive pendant une période suffisamment longue, jusqu’à ce que les risques empêchant l’inflation de revenir durablement à l’objectif de 2 % soient encore atténués ».
« La Commission continue de suivre de près les risques liés à la persistance de l’inflation et décidera du degré approprié de resserrement de la politique monétaire à adopter lors de chaque réunion », peut-on lire dans la déclaration dans laquelle l’institution annonce la deuxième baisse des taux britanniques cette année, après le resserrement monétaire continu qui a également été mis en œuvre ici au cours des deux années précédentes pour ramener la croissance des prix sur la bonne voie.
Bien entendu, l’impact du résultat des élections américaines que le monde entier regarde sera également surveillé : ainsi, il s’agira aussi des conséquences de la politique économique que le vainqueur du jour de l’élection, Donald Trump, lancera dès son entrée en fonction à la Maison Blanche au début de l’année prochaine.
Des conséquences que la plupart des économistes ont déjà qualifiées d’inflationnistes. Mais inflationnistes seront évidemment aussi les effets de la manœuvre présentée pour 2025 par la chancelière de l’Échiquier Rachel Reeves. Il s’agit en effet d’une manœuvre qui s’articule autour d’une dépense publique supplémentaire de près de 70 milliards de livres, qui sera financée par des hausses d’impôts sur les entreprises et des emprunts supplémentaires du Royaume-Uni.
Le Royaume-Uni admet l’incertitude après la victoire de Trump
S’exprimant spécifiquement sur l’inflation, le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Andrew Bailey, a déclaré que « la bonne nouvelle » provenant du front macroéconomique du pays est que la tendance à la croissance des prix ralentit plus rapidement que prévu. Toutefois, l’incertitude est plus grande : tout d’abord, « sans aucun doute », a noté M. Bailey, l’incertitude est plus grande à l’échelle mondiale, l’inflation britannique devant désormais augmenter à un rythme annuel d’environ 2,75 % en 2025, avant de retomber à l’objectif de 2 %. Et il est évident que la phrase fait référence à la victoire de Donald Trump aux élections américaines.
De plus, la banque centrale veut mieux comprendre quel sera l’impact de la loi budgétaire sur les fondamentaux de l’économie. Les marchés monétaires avaient parié sur une nouvelle baisse des taux de la Banque d’Angleterre de 25 points de base, après celle d’août, avec une probabilité de 97 % les jours précédents. Toutefois, avant l’annonce d’aujourd’hui, plusieurs analystes avaient déjà averti que les prochaines réductions pourraient être retardées en raison de la manœuvre budgétaire de M. Reeves : parmi eux, ceux de la division de recherche de Goldman Sachs, qui avaient indiqué dans une note que « les perspectives d’une croissance plus forte (au Royaume-Uni) au cours de l’année 2025 sont susceptibles de réduire l’urgence de réductions consécutives à court terme ».
Cet avertissement avait déjà été émis avant que le résultat de l’élection américaine ne soit connu. Attention donc non seulement à la livre sterling, mais aussi au Gilt, c’est-à-dire aux obligations d’État britanniques, dont les rendements à 10 ans ont grimpé de +33 points de base au cours du mois dernier, et de 26 points de base depuis le début de l’année 2024. Les rendements s’échangent maintenant en légère baisse, à environ 4,54 %.