Une situation très similaire à celle qui a caractérisé la zone euro au cours du même mois, qui a également connu un retournement brutal des pressions inflationnistes, mais qui a vu la BCE de Christine Lagarde intervenir avec une réduction, encore une fois, de 25 points de base.
En attendant le verdict de la Banque du Canada, la plupart des analystes avaient déjà pris pour acquis l’arrivée d’une nouvelle baisse de l’institution, qui portait à quatre aujourd’hui le nombre de baisses de taux lancées au cours de l’année 2024. De nombreux stratèges avaient anticipé une nouvelle baisse de 50 points de base hier, mercredi 23 octobre, contre certains qui estimaient une réduction limitée à 1/4 de point.
Les estimations « dovish » avaient été motivées par la faiblesse rapportée par le PIB du pays. En particulier, Chris McHaney, responsable de la division stratégie d’investissement et gestion de Global X Investments Canada, interrogé par Wealth Professional, avait déclaré les jours précédents qu’il estimait une réduction de 50 points de base par la Banque du Canada, après les trois réductions précédentes de 25 points de base, en citant la tendance de l’inflation globale, en hausse de seulement 1,6 % en septembre.
Certes, M. McHaney avait lui-même cité la persistance de l’inflation sous-jacente, qui a augmenté de 2,3 % ce même mois. Mais ce qui avait été mis en avant, c’était l’aide à une baisse maximale apportée par la FED de Jerome Powell elle-même, qui a réduit ses taux aux États-Unis de 50 points de base le 18 septembre, ainsi que la tendance à la faiblesse de l’économie canadienne.
« La croissance économique au Canada s’avère beaucoup plus lente qu’aux États-Unis, le PIB augmentant de 1,5 % en glissement annuel ou à un rythme plus lent depuis mars 2023 ». Sur les marchés, les opérateurs tablaient sur une baisse des taux de 50 points de base avec une probabilité de 94 %.
Perspectives de taux et inflation : ce qu’a annoncé la Banque du Canada après la baisse
Le communiqué dans lequel la Banque du Canada a annoncé sa décision est le suivant :
Nous prévoyons de réduire encore les taux d’intérêt si l’économie évolue globalement conformément à nos dernières estimations.
- Le calendrier et le rythme des nouvelles baisses de taux dépendront des informations qui nous parviendront.
- Nous prendrons nos décisions d’une réunion à l’autre.
- Le marché du travail reste faible.
- La croissance démographique a continué d’accroître la population active, tandis que les embauches sont restées modestes.
- La croissance américaine devrait être plus forte que prévu, tandis que les perspectives pour la Chine restent faibles.
- La croissance de la zone euro est restée faible, mais devrait se redresser légèrement l’année prochaine.
- L’économie reste en situation d ‘offre excédentaire.
- La Banque du Canada prévoit une croissance du PIB (du Canada) de +1,2 % en 2024, de +2,1 % en 2025 et de +2,3 % en 2026.
Déclarations du gouverneur Tiff Macklem
Tiff Macklem, gouverneur de la Banque centrale du Canada, a justifié la baisse des taux annoncée aujourd’hui en soulignant que « nous avons fait un plus grand pas aujourd’hui, car l’inflation est revenue à l’objectif de 2 % et nous voulons qu’elle en reste proche ».
Macklem a ajouté que « les pressions sur les prix ne sont plus généralisées » et que « les dépenses des ménages et les investissements des entreprises se sont redressés cette année, mais restent faibles ».
Le gouverneur a annoncé son intention de continuer à réduire les taux. « Nous prévoyons de nouvelles baisses pour soutenir la demande et veiller à ce que l’inflation reste conforme à l’objectif fixé ». En tout état de cause, a-t-il ajouté, « nos décisions de politique monétaire seront prises au cas par cas ».
Les risques qui pèsent sur les perspectives d’inflation, a ajouté le numéro un de la Banque du Canada, sont « raisonnablement équilibrés ».
La prochaine réunion de la banque centrale du Canada est prévue pour le 11 décembre 2024: les marchés parient désormais sur une nouvelle baisse des taux d’intérêt de 50 points de base, avec une probabilité de 25 %.