Le risque d’une baisse trop précoce des taux directeurs est réel et redouté à Francfort, à tel point que les déclarations de prudence se multiplient après la réunion de la BCE de janvier – où rien n’a changé avec des taux bloqués à 4,5 % – et en prévision de celle de mars avec de nouvelles projections économiques sur la zone euro.
Pourquoi la BCE craint-elle une remontée de l’inflation ?
Le binôme inflation-croissance économique persécute la BCE, consciente que les prochains choix de politique monétaire pourraient avoir un impact sur la reprise de la zone euro, enlisée dans la stagnation et la baisse des prix, mais pas encore à des niveaux satisfaisants.
C’est le spectre de la stagnation qui est le plus redouté en Europe, contrairement aux États-Unis où la résilience de l’économie et du monde du travail laisse entrevoir des jours meilleurs.
La BCE maintient les taux d’intérêt à des niveaux historiquement bas depuis septembre, mais le débat sur l’assouplissement de la politique monétaire s’est intensifié et les marchés s’attendent à un revirement au printemps, compte tenu de la faiblesse de la croissance et de l’atténuation des pressions sur les prix.
Toutefois, la banque centrale continue de parler de prudence et de patience par l’intermédiaire de ses fonctionnaires : “Nous devons être patients et prudents parce que nous savons, également d’après l’expérience historique, que l’inflation peut repartir”, a souligné M. Schnabel dans le FT. Citant la rigidité de l’inflation des services, la résistance du marché du travail, l’assouplissement notable des conditions financières et les tensions en mer Rouge, le membre de la BCE a rappelé qu’un assouplissement trop précoce de la politique monétaire pourrait être une erreur.
L’inflation préoccupe toujours
Malgré les progrès réalisés en matière de baisse des prix, l’inflation reste un sujet de préoccupation. Une reprise de l’inflation n’est pas le scénario principal de la BCE, mais en ce qui concerne les données, il est prudent de ne pas réduire les taux trop tôt, d’autant plus que les perturbations du transport maritime en mer Rouge ont suscité des inquiétudes quant à de nouveaux blocages de la chaîne d’approvisionnement.
Je dirais que nous entrons dans une phase critique où le calibrage et la transmission de la politique monétaire deviennent particulièrement importants, car il s’agit de contenir les effets de second tour”, a souligné M. Schnabel.
Les salaires, par exemple, ont augmenté en moyenne de plus de 5 % par an dans la zone euro, les travailleurs des 20 pays partageant l’euro cherchant à regagner le pouvoir d’achat perdu en raison de la plus forte augmentation du coût de la vie depuis une génération.
M. Schnabel s’est montré optimiste quant au fait que les entreprises absorbent une partie de la récente hausse des salaires, comme l’espère depuis longtemps la BCE, étant donné que la croissance économique est faible et qu’elles n’ont guère de marge de manœuvre pour répercuter la hausse des coûts sur les clients.
“Si la demande est freinée par une politique monétaire restrictive, il sera beaucoup plus difficile pour les entreprises de répercuter la hausse des coûts sur les consommateurs. Nous constatons que c’est ce qui se passe”, a-t-il expliqué.
En résumé, une baisse des taux n’est pas imminente et la BCE craint toujours des poussées d’inflation. Par conséquent, le coût de l’argent de 4,5 % est toujours considéré comme un bon moyen de freiner la demande qui déclenche les prix. Pendant ce temps, la zone euro s’enlise dans une faible reprise…