Cette semaine, la BCE réduira ses taux directeurs de 25 points de base. Il y a quelques semaines, cette décision n’était attendue ni par les marchés ni par les décideurs politiques. Ce qui a changé aujourd’hui, c’est l’affaiblissement des principales enquêtes de conjoncture, en particulier les indices PMI de septembre. L’affaiblissement de l’inflation des services en septembre a ensuite scellé l’affaire. Une fois encore, l’opportunité d’un changement en octobre n’est pas aussi évidente que lors des précédents cycles de réduction.

Le marché du travail reste tendu, le taux de chômage à un niveau historiquement bas et la confiance des consommateurs très forte et en hausse. Cela signifie que la BCE continuera probablement à indiquer que les réductions seront décidées au fur et à mesure des réunions, non seulement parce qu’elle pourrait vouloir conserver une certaine option dans la prise de décision à l’avenir, mais aussi parce que l’opportunité d’un mouvement séquentiel n’est pas à négliger. Mais aussi parce que l’opportunité de procéder à des baisses de taux séquentielles n’est pas aussi évidente que lors des précédents cycles de baisses séquentielles.

Risques et perspectives économiques

Les marchés financiers considèrent la baisse d’octobre comme une transition entre les baisses de taux graduelles et les baisses séquentielles. En effet, la BCE est susceptible de réduire ses taux maintenant et lors des deux prochaines réunions. Toutefois, ces baisses doivent être considérées comme des réductions d’assurance. Un grand pays de la zone euro, l’Allemagne, souffre clairement de la faiblesse de son économie. Mais c’est probablement le résultat de vents contraires structurels liés à une forte perte de compétitivité suite au choc énergétique de 2022, à la forte concurrence de la Chine et au vieillissement de la population.

La politique monétaire ne peut influencer aucun de ces facteurs et les décideurs politiques en sont conscients. Si l’on fait abstraction des chiffres de l’Allemagne, le reste de la zone euro reste très résistant, non seulement en termes de croissance, mais aussi sur le marché du travail. En outre, les deux principaux risques qui pèsent sur la trajectoire de la politique monétaire de la BCE sont clairement à venir.

Incertitudes mondiales

À l’heure actuelle, de vastes incertitudes en matière de politique économique pèsent sur la confiance du secteur manufacturier dans la zone euro. Les élections présidentielles américaines, avec le risque de guerres tarifaires qui s’ensuivront, constituent clairement le plus grand risque pour les intentions d’investissement des entreprises européennes à l’avenir. D’autre part, les efforts de relance actuels en Chine pourraient conduire à un rebond inattendu de l’activité économique dans la zone euro. À ce stade du cycle économique, les droits de douane nuiraient considérablement à l’économie.

La mise en place de droits de douane sur les exportations de l’UE vers les États-Unis pourrait entraîner un affaiblissement significatif de l’activité dans la zone euro et une réduction de 50 points de base lors de la réunion de la BCE de mars 2025. Mais le stimulus chinois pourrait également conduire le secteur manufacturier européen à rebondir par rapport aux niveaux actuels. Cela amènerait peut-être la BCE à revenir à des baisses graduelles. Les résultats de la politique monétaire de la BCE sont particulièrement intenses en ce moment et dépendent de l’évolution de la situation en Chine et aux États-Unis.