Le jeu d’une baisse des taux de la BCE en octobre est rouvert. Après la maxi-baisse de la FED, une nouvelle impulsion dans ce sens a été donnée hier. Cette fois-ci, c’est l’économie de la zone euro qui a donné un coup de pouce. Les indices PMI de la zone sont tombés à 48,9 en septembre, contre 51 en août, soit une valeur inférieure aux prévisions et au seuil de 50 qui sépare l’expansion économique de la contraction.

L’industrie manufacturière a de nouveau fortement chuté (à 44,8), pour le 27e mois sous le seuil de 50, mais les services stagnent également (à 50,5). Parmi les pays, l’Allemagne reste le pays le plus en difficulté. De plus, la légère reprise du mois d’août en France s’est évanouie avec l’effet des Jeux Olympiques.

Les marchés ont donc augmenté la probabilité d’une baisse des taux en octobre à 40 %, contre 25 % vendredi. L’euro s’est affaibli, passant sous la barre des 1,11 dollar. Les rendements des emprunts d’État européens à deux ans ont baissé en moyenne de 8 points de base. La FED et la BCE ont jusqu’à présent réduit leurs taux de 0,5 %, mais la banque centrale américaine a déjà clairement indiqué sa volonté de préserver la vigueur de l’économie, notamment en raison de son double mandat.

La BCE, en revanche, est plus prudente en raison des craintes des faucons (menés par Isabel Schnabel, membre du conseil d’administration) d’une reprise de l’inflation due aux salaires et aux services. Hier, le Letton Martins Kazaks a également déclaré que les inquiétudes concernant les services l’emportaient sur celles liées à la faible croissance.

Les indices PMI figent les faucons

Les indices PMI, cependant, ont donné des indications contraires. Outre la détérioration du PIB, les données ont également montré une détérioration du marché du travail et une baisse de l’inflation des coûts des entreprises et des prix finaux. Le tableau est de plus en plus inquiétant pour la croissance, tandis que la désinflation se poursuit.

La présidente Christine Lagarde a déjà déclaré que l’inflation serait faible en septembre (inférieure à 2 %, selon les économistes de marché) et qu’elle remonterait en fin d’année. Mais si l’inflation est plus faible que prévu et que les risques de sous-estimation augmentent, la banque centrale subira des pressions supplémentaires pour réduire les taux d’intérêt en octobre également.

« La zone euro se dirige vers la stagnation. Compte tenu de la baisse rapide des nouvelles commandes, il ne faut pas faire preuve de beaucoup d’imagination pour prédire un nouvel affaiblissement de l’économie », a noté la Hamburg Commercial Bank (Hcob), qui produit les indices PMI avec S&P Global. De plus, pour la Hcob, « le ralentissement de l’inflation est une bonne nouvelle pour la BCE. Si vous ajoutez à cela l’aggravation de la récession dans l’industrie manufacturière et la quasi-stagnation dans les services, il est probable qu’une nouvelle baisse des taux soit discutée en octobre ».

Les entreprises suppriment des emplois

Pendant ce temps, les entreprises manufacturières suppriment des emplois au rythme le plus élevé depuis août 2020. Dans le secteur des services, l’emploi est en baisse depuis quatre mois. En Allemagne, les indices PMI sur l’emploi sont les plus mauvais depuis 15 ans, si l’on exclut la période de la pandémie.

Nomura a noté que « après des années où le cycle économique était tiré par la dynamique de l’offre, la zone euro semble désormais confrontée à un ralentissement classique tiré par la demande ». Pour Pictet, « la principale question est de savoir si la BCE devrait adopter une position plus préventive, à l’instar de la Fed, en anticipant des baisses de taux vers le niveau neutre ».