CDI : le contrat en désamour
Ne pas être en CDI peut être un obstacle dans bien des situations. Difficile avec un Contrat à Durée Déterminée (CDD) ou des contrats d’intérim, de convaincre un bailleur, quand on souhaite louer un appartement. Encore plus ardu ; quand on ne possède pas ce fameux sésame ; de prétendre à un prêt immobilier pour s’acheter son premier logement, surtout maintenant, alors que les conditions d’octroi sont de plus en plus dures. Même sans aller aussi loin, comment convaincre une société de crédit quand on a besoin d’argent pour une voiture ?
On pourrait croire que le CDI est donc le contrat dont rêvent tous les français. Pourtant, c’est loin d’être le cas et pour diverses raisons.
Première raison invoquée souvent : le meilleur salaire quand on a un contrat dit précaire ou quand on est intérimaire. Pour les personnes qui se tournent vers ce type d’emploi, c’est parce qu’elles ont vu que souvent, le temps plein en CDI se bornait au SMIC. Elles gagnent plus, même si leur contrat est de plus courte durée. Elles en comprennent les inconvénients, mais en apprécient les avantages.
D’autres sont en désaccord complet avec ce que l’on appelle « la valeur travail ». Se réveiller tous les matins pour se dire qu’elles sont obligées de travailler dur pour un salaire qu’elles ne jugent pas en adéquation avec l’effort fourni est un supplice ; argument qui rejoint un peu le premier. Généralement, elles trouvent que ce concept économique est totalement dépassé et ne reflète pas les aspirations des français de maintenant.
Pour d’autres, le CDI viendra plus tard. Il faut, avant, saisir toutes les opportunités diverses de travail pour être polyvalent et ainsi, apporter une certaine valeur ajoutée au monde du travail, pour postuler en CDI.
Quelles sont les raisons invoquées pour ne pas vouloir travailler en CDI ?
Mais ne pas vouloir être en CDI à temps plein s’explique aussi par la volonté d’avoir du temps pour soi…et pour les autres. Si de nombreux français en ont pris pleinement conscience lors des périodes de confinement, d’autres étaient déjà persuadés que le travail n’est pas une fin en soi et qu’il faut pouvoir profiter de la vie autrement, qu’en passant 8 heures par jour à travailler, si ce n’est plus.
Ce besoin de liberté s’exprime aussi par le simple fait de l’expression « à durée indéterminée ». Cela veut donc dire qu’elles sont « condamnées » selon elles, à exécuter toujours le même type de tâche, pour la même entreprise, avec les mêmes collègues, le même employeur : bref, une routine professionnelle et de vie tout simplement qui les hérisse. Tout cela est synonyme d’ennui mortel et ce qu’elles souhaitent, par le biais des contrats courts, c’est diversifier leurs expériences, avoir plus de réseau professionnel, ne pas s’angoisser quand elles ne s’entendent pas avec leurs collègues ou même leur hiérarchie.
Beaucoup ont donc réussi à se créer un mode de fonctionnement qui leur convient très bien. Elles travaillent pendant un moment, touchent l’assurance-chômage et en profitent pour prendre soin d’elles, passer du temps avec leur famille, voyager, mener à bien des projets et quand l’argent manque, elles recommencent.
Pourtant, la réforme de l’assurance chômage pourrait mettre à mal cette façon de vivre. Il ne sera bientôt plus possible de « profiter du système » comme pourraient le penser certains et il faudra justifier de l’absence de contrat, pour toucher son indemnité. Comment vont réagir ces français alors que cette façon de procéder leur avait permis jusqu’à présent de trouver le parfait équilibre entre vie professionnelle et vie privée ? Il est évident que cela n’a pas fait partie des arguments lors de la mise en place de la réforme.