« Le Rassemblement national activera le vote de défiance, sauf miracle de dernière minute », a expliqué M. Bardella lors d’une interview accordée à RTL. C’est-à-dire « si le Premier ministre Michel Barnier change le texte d’ici à 15 heures cet après-midi, mais j’ai peu d’espoir que cela se produise à la légère étant donné que nous sommes ignorés et méprisés depuis plusieurs mois », a ajouté M. Bardella.
Lundi 2 décembre, le CAC40 a chuté d’environ 0,7 %, le plus mauvais indice en Europe, et a perdu 4,8 % depuis le début de l’année, alors que l’Eurostoxx 600 a progressé de 6,6 % sur la même période. L’Oat à dix ans, le titre de créance du pays, offre un rendement de 2,9 %, soit un écart de 84 points de base par rapport au Bund (le Btp offre un rendement de 3,27 %). L’euro est également sous pression, -0,75 % à 1,0501.
Pas de chantage pour le ministre des finances
Le ministre des Finances Antoine Armand a déclaré dimanche à Bloomberg TV que la France n’accepterait pas de délais budgétaires de la part de Marine Le Pen, même si la dirigeante d’extrême droite a déjà déclaré qu’elle était prête à renverser le gouvernement cette semaine. Le Rassemblement national de Mme Le Pen a menacé de soutenir une motion de censure si le Premier ministre Michel Barnier ne modifie pas le budget 2025 en indexant les pensions sur l’inflation, l’une des exigences les plus fortes.
Le chef de file de l’extrême droite a averti M. Barnier qu’il devait procéder aux modifications avant lundi, date à laquelle l’opposition devrait entamer le processus de demande d’un vote de défiance. « Le gouvernement français n’accepte pas les ultimatums », a répondu M. Armand lors d’une interview dimanche. « Nous ne ferons pas l’objet d’un chantage.
Les marchés vendent la dette française
Les investisseurs obligataires ont vendu des obligations d’État françaises par crainte d’une escalade politique, ce qui a poussé la semaine dernière le rendement de l’OAT à 10 ans à rejoindre celui de la Grèce et a conduit M. Barnier à mettre en garde contre une « tempête » sur les marchés financiers. Les difficultés politiques et la nervosité des marchés ont commencé en juin, lorsque le président Emmanuel Macron a convoqué des élections anticipées pour tenter de clarifier la situation à l’Assemblée nationale, où son parti était déjà loin d’avoir la majorité absolue.
Mme Le Pen avait déjà remporté une victoire la semaine dernière après que M. Barnier eut abandonné l’idée d’augmenter les taxes sur l’électricité, l’une des principales revendications du Rassemblement national. Ce fait a encouragé le parti d’extrême droite à ajouter d’autres exigences. Un vote de défiance pourrait avoir lieu dès mercredi. « L’agitation politique française n’aide certainement pas l’euro », a déclaré Rodrigo Catril, stratège à la National Australia Bank de Sydney. « Un effondrement pur et simple du gouvernement par le biais d’un vote de défiance ajouterait une nouvelle couche d’incertitude. »
Déficit de 6,1 %, la France dans la balance
Le budget de M. Barnier, qui comprend 60 milliards d’euros d’ajustements, vise à assainir la situation budgétaire de la France, dont le déficit devrait atteindre 6,1 % du PIB en 2024. Le ministre du budget, Laurent Saint-Martin, a déclaré au journal Le Parisien au cours du week-end que les demandes de modification du budget coûteraient 10 milliards d’euros et que le gouvernement n’avait pas l’intention de faire d’autres concessions.
La prime de rendement entre les obligations d’État à 10 ans et les Bunds allemands a récemment atteint 90 points de base, l’écart le plus important depuis 2012, avant de se réduire à 84 points de base lundi. L’indice boursier français, le CAC 40, est en passe de connaître sa pire année par rapport aux actions européennes depuis 2010. La semaine dernière, le rendement des obligations d’État à 10 ans de la France a brièvement égalé celui de la Grèce, pays autrefois au cœur de la crise de la dette souveraine en Europe.
S&P confirme la note AA- de la France
Vendredi, S&P a confirmé la note souveraine de la France à AA- avec une perspective stable, c’est-à-dire sa note de mai. L’agence de notation a déclaré qu’en dépit de l’incertitude politique actuelle, elle s’attend à ce que la France se conforme, bien qu’avec du retard, aux nouvelles règles budgétaires de l’UE et consolide progressivement ses finances publiques à moyen terme. Elle a toutefois prévenu qu’elle abaisserait la note si la capacité du gouvernement à réduire le déficit s’affaiblissait ou si la croissance du PIB s’avérait plus faible que prévu.
Suite à un compromis entre députés et sénateurs en commission mixte paritaire mercredi, le projet de loi de financement de la sécurité sociale retourne à l’Assemblée nationale lundi pour une nouvelle lecture. Le Premier ministre Michel Barnier devrait engager la responsabilité du gouvernement sur ce projet de loi en recourant à l’article 49-3 de la Constitution française (qui permet l’adoption d’une loi sans vote).
Cela donnerait à Mme Le Pen le droit de déposer une motion de censure, sur laquelle un vote sera organisé mercredi. Selon les analystes d’Unicredit, « il est peu probable que les partis d’opposition s’unissent pour défier le gouvernement à cette occasion, ils continueront à faire pression sur Barnier jusqu’à la semaine précédant Noël, lorsque le vote final sur le budget aura lieu ». Le scénario de base des spécialistes prévoit que le projet de loi sera adopté, mais avec une marge très étroite.