Le report à 2025 de l’introduction en bourse de Golden Goose, connue pour ses baskets de luxe, a mis la pression sur le secteur, qui a également souffert de la faible reprise en Chine, son principal marché avant la pandémie. Bien que les ventes des grandes entreprises du secteur du luxe soient restées élevées ces dernières années, on s’attendait à ce que le géant asiatique donne un coup de fouet plus important cette année, souligne David Pasquelin, analyste de marché pour XTB.

Plusieurs entreprises n’ont donc pas atteint leurs objectifs au cours du premier trimestre 2024 et le cours de l’action a chuté par rapport à ses sommets, mais, avertit l’expert, il est nécessaire de replacer les récentes réductions dans leur contexte, car elles sont précédées d’augmentations significatives.

Hermès tiens le cap

M. Pasquelin a analysé l’évolution des valorisations des principales sociétés de luxe européennes, en examinant celles qui ont subi des réductions significatives de leurs recommandations, de leurs prix cibles, de leurs bénéfices attendus et de leurs marges nettes. “Pour 2024, en fait, les marges les plus faibles depuis la pandémie de Covid-19 sont attendues. Le seul à pouvoir résister“, prédit D. Pasquelin, “est le français Hermès“, producteur des sacs à main Birkin, vendus à plus de 10 000 dollars. Ce n’est pas un hasard si, parmi les grandes maisons de luxe cotées en bourse, le titre Hermes est le seul à avoir progressé l’an dernier (+14,9 %).

Les atouts du secteur du luxe

Mais il y a d’autres facteurs, comme la détérioration que l’inflation provoque dans le pouvoir d’achat des consommateurs, même si ce secteur a été précisément l’un de ceux qui ont le mieux performé au cours de la dernière décennie malgré sa composante cyclique, souligne Pasquelin.

En effet, l’un de ses principaux atouts est la stabilité de la demande, car ses principaux consommateurs ont un pouvoir d’achat élevé et peuvent se permettre de continuer à faire des achats en temps de crise. En outre, les produits de luxe bénéficient d’un élément de fidélité à la marque qui contribue à une plus grande stabilité des ventes.

Ces types d’entreprises travaillent avec des marges bénéficiaires beaucoup plus élevées que la moyenne du secteur, ce qui leur permet de mieux résister aux périodes d’inflation”, explique M. Pasquelin. “L’exclusivité et la haute qualité de leurs produits leur permettent également d’augmenter les prix sans altérer la demande. Enfin, ils concentrent leurs investissements sur l’innovation, la créativité de nouveaux produits et les collaborations afin de maintenir l’intérêt des consommateurs.

L’indétrônable LVMH

L’entreprise que David Pasquelin souligne le plus dans le secteur est LVMH, qui est également l’une des trois plus grandes entreprises européennes en termes de capitalisation boursière (363,6 milliards d’euros). “Depuis le début de l’année, elle a chuté de plus de 3 % et, par rapport aux sommets historiques atteints l’année dernière, elle a perdu près de 20 %. Les résultats du premier semestre 2024 ont été légèrement inférieurs aux attentes, mais l’entreprise s’est tout de même mieux comportée que ses concurrents“, note l’expert de XTB.

Pour l’instant, nous maintenons nos prévisions pour le reste de l’année, les acheteurs américains tiennent bon, dépensant actuellement plus sur le marché des produits de luxe, mais la consommation chinoise devrait continuer à se redresser au second semestre. À moyen terme, il s’agit toujours d’un secteur à fort potentiel, on estime que le marché du luxe pourrait atteindre une valeur comprise entre 530 000 et 570 000 millions en 2030, ce qui représente une augmentation de 100 % par rapport à 2020“.

L’action LVMH, comme toutes les grandes capitalisations européennes, est soumise à des changements de nature macroéconomique tels que les tendances de l’inflation et surtout l’évolution du taux de chômage, une variable macroéconomique clé dans le choix de la politique monétaire de la BCE. Habituellement, une baisse de taux entraîne une chute de l’ensemble des marchés boursiers, même si elle améliore logiquement les conditions de refinancement des entreprises.

LVMH reste loin de ses plus hauts historiques

Le cours de l’action à la Bourse de Paris est de 724 euros, loin de ses records historiques enregistrés l’année dernière dans la zone des 887 euros. “Compte tenu de la situation macroéconomique actuelle et de l’affaiblissement de la dynamique du marché à court terme, nous nous concentrons sur ce qui pourrait être des niveaux intéressants à long terme, des niveaux de prix plus bas que les niveaux actuels. La zone des 660 euros est celle qui se rapporte aux creux entre octobre et décembre 2023, tandis que plus bas, nous trouvons la zone des 540 euros, une zone qui se réfère aux creux de 2022 et à partir de laquelle le fort mouvement haussier jusqu’aux sommets historiques mentionnés précédemment a commencé“, souligne M. Pasquelin.

Dans le pire des cas d’une forte baisse, un niveau important se situe dans la zone des 420 euros (janvier 2020), des niveaux qui ne pourraient être touchés qu’en cas de forte chute du marché. Quoi qu’il en soit, en observant la dynamique mensuelle de ce titre, nous pouvons affirmer sans risque que la résistance aux krachs systémiques du marché a toujours été élevée ; il s’agit en fait d’un titre très solide en cas de chute, en ce sens qu’il parvient à se rétablir très bien après une période d’extrême volatilité.