L’Europe disparaît du classement des 20 entreprises les plus capitalisées au monde, qu’elle présidait début 2024 avec deux entreprises : la française LVMH et la danoise Novo Nordisk. La nouvelle géographie des géants boursiers au début de l’année 2025 parle d’une domination américaine et d’un Vieux Continent désormais condamné à jouer le rôle de simple grégaire.

Tout est relatif

Ce n’est pas que les bourses européennes se soient mal comportées l’an dernier : c’est simplement que les américaines ont été inaccessibles. Surtout lorsqu’il s’agit de leurs noms les plus illustres. Il suffit de rappeler que, par rapport à l’année précédente, la capitalisation totale des 20 premières entreprises mondiales (dont 90 % sont américaines) a progressé de 36 %, soit neuf points de plus que les +27 % du S&P Global 100, l’indice qui regroupe les 100 plus grandes entreprises du monde.

Moralité : même parmi les géants, deux championnats distincts se sont joués, entre les méga-capitalisations qui courent sans relâche et le reste du marché.

Les géants inatteignables ?

Que l’on évolue à une autre vitesse là-haut, au sommet, c’est aussi ce qui ressort des chiffres, avec pas moins de cinq entreprises qui démarrent 2025 au-dessus de 2 000 milliards de capitalisation. C’est deux de plus qu’en 2024, mais avec une distinction importante : l’année dernière, l’une des trois sociétés était la compagnie pétrolière d’État saoudienne Aramco, dont le flottant est inférieur à 2 % et dont la cotation est donc quelque peu anormale par rapport à celle des autres sociétés.

Aujourd’hui, le top 5 des très grandes entreprises est occupé par Apple (3 785 milliards, première place confirmée), Nvidia (3 288, quatre places de plus), Microsoft (3 133, une place de moins), Alphabet (2 323, stable) et Amazon (2 306, stable). Le plus grand bond depuis le début de l’année 2024, hors nouvelles entrées, est celui de Broadcom, le rival de Nvidia sur le marché des semi-conducteurs, qui, avec une forte poussée dans les derniers mois de l’année, prend la neuvième position à 1 086 milliards. Une progression de sept places dans le classement.

Le retour de la fintech

La sainte alliance entre la technologie de la vieille école et le boom de l’intelligence artificielle est également évidente pour trois des nouveaux venus de cette année : les deux fintechs des paiements numériques, Visa et Mastercard, figurent parmi les 20 plus grandes entreprises du monde, et Oracle, avec sa capitalisation de 466 milliards, est également de retour.

Le rallye boursier de l’éditeur de logiciels (+63% en 2024) a d’ailleurs permis à son fondateur, Larry Ellison, de revenir sur le podium des plus riches du monde à l’âge de 80 ans : et ce grâce à une série d’accords qu’Oracle a signés avec les principaux acteurs de l’IA générative (OpenAI in primis) pour entraîner des chatbots comme ChatGpt sur le cloud de l’entreprise.

Les vétérans de la vieille économie

Outre Saudi Aramco, déjà citée, qui reste toutefois un cas à part, le classement comprend le géant pharmaceutique Eli Lilly, qui, malgré sa croissance en bourse, manque le rendez-vous avec le top 10 pour la deuxième année consécutive.

Ensuite, le premier distributeur mondial, Walmart, qui grimpe de cinq places pour atteindre 726 milliards, la compagnie pétrolière Exxon Mobil (qui gagne deux places) et enfin trois valeurs financières : une banque (JP Morgan, quatorzième), une holding d’investissement (Berkshire Hathaway de Warren Buffett, onzième à un pas des 1000 milliards) et une compagnie d’assurance, UnitecHealth (20e et en recul de six places).

Le retour de la Chine

Enfin, une entreprise chinoise revient sur la liste des très grandes entreprises : Tencent, la multinationale technologique basée à Shenzhen, qui entre dans le classement à la seizième place et commence l’année 2025 avec une capitalisation boursière de 494 milliards d’euros. Est-ce le signe que Pékin sort enfin de la crise ?