LVMH reste cependant à surveiller de près, car ses actions se sont effondrées en début de séance à la Bourse de Paris, suite à la publication de son chiffre d’affaires du troisième trimestre 2024. Avec une chute de -7%, l’action du géant s’est immédiatement confirmée parmi les pires de l’indice européen Stoxx 600. Ce qui a déçu les marchés, ce n’est pas seulement le chiffre d’affaires, mais aussi les perspectives que le groupe a été contraint d’annoncer : des perspectives « incertaines », ce qui a encore exacerbé les inquiétudes des investisseurs.
Les chiffres montrent que LVMH a vu ses ventes baisser de 3 % en glissement annuel et sur une base organique, c’est-à-dire sans tenir compte des effets de change, des acquisitions et des cessions, pour atteindre 19,08 milliards d’euros entre juillet et septembre de cette année.
L’action LVMH s’effondre
La faute à l’affaiblissement, en particulier, de la demande de la Chine et du Japon. L’évolution des ventes a déçu le consensus des analystes qui tablait sur une croissance organique des ventes de +2%. Interrogé par Reuters, Luca Solca, analyste chez Bernstein, a commenté les chiffres en déclarant que LVMH avait considérablement déçu les attentes.
L’impact des problèmes de l’économie chinoise, qui ont conduit le gouvernement de Pékin à lancer récemment un plan de relance qui ne semble pas encore avoir été pleinement promu par les marchés, est indéniable. Lors de sa réunion avec les analystes, le directeur financier de LVMH, Jacques Guiony, a invoqué la crise de confiance des consommateurs chinois, tombée à son plus bas niveau de l’ère Covid-19, pour expliquer les résultats des ventes de LVMH. Toutefois, M. Guiony a déclaré qu’il croyait toujours en l’avenir du marché chinois.
Hors Japon, en Asie, les ventes de la multinationale ont même reculé de 16%, contre -14% au trimestre précédent, tandis qu’au Japon, le renforcement du yen a fait chuter le rythme de croissance de plus de moitié, passant de +57% au trimestre précédent à un rythme de +20%.
Pour l’avenir, Piral Dadhania, analyste chez RBC, a parlé de chiffres indiquant « un ralentissement plus prononcé que prévu », ce qui devrait être interprété négativement par le marché. C’est le cas, étant donné la réaction du titre, bien que les baisses se soient réduites par rapport à la chute de 7 % enregistrée aux premières heures de la séance de la Bourse de Paris.
Combien d’impôts en plus en 2025 ?
Cela dit, les traders surveillent également de près LVMH pour l’arrivée de la taxe qui devrait frapper le géant du luxe, et dont le directeur financier Jean-Jacques Guiony a lui-même parlé, selon les informations de Bloomberg, hier : le risque que le géant du luxe paie jusqu’à 800 millions d’euros d’impôts supplémentaires en 2025, après l’appel aux armes de Paris, qui a annoncé plusieurs plans pour blinder les caisses de l’État, aux prises avec la double épine du déficit et de la dette publique.
Une épine si profondément enfoncée dans le pied de Paris que l’agence de notation Fitch a abaissé la perspective (la note a néanmoins été confirmée à AA-) de stable à négative. Fitch a invoqué la dégradation de la situation budgétaire de la France qui, selon l’agence, pourrait faire passer « le ratio dette/PIB à 118,5 % d’ici 2028 ».
Le directeur financier de LVMH, M. Guiony, a évoqué de manière générale des impôts supplémentaires qui pourraient augmenter de 700 à 800 millions d’euros en 2025, la loi de finances, dont le projet a été présenté la semaine dernière, prévoyant des taxes temporaires sur plus de 400 entreprises françaises rentables qui génèrent un chiffre d’affaires annuel supérieur à 1 milliard d’euros : ces taxes, selon la manoeuvre de Paris, devraient rapporter 8 milliards d’euros à l’Etat en 2025 et 4 milliards d’euros en 2026.