Xi se rendra ensuite en Hongrie et en Serbie : deux pays caractérisés par des orientations parfois elliptiques par rapport à celles qui font l’objet d’un consensus général au sein de l’UE. Alors que Belgrade n’a jamais caché ses sympathies pro-russes, qui ont d’ailleurs des racines très anciennes, on reproche à Budapest des orientations similaires qui se sont exprimées lors des sanctions imposées à la Russie en raison de l’invasion de l’Ukraine, ainsi que l’approbation d’actes réglementaires répréhensibles du point de vue de la violation des principes de liberté et de démocratie sur lesquels se fonde l’adhésion aux traités européens.
La position de la Chine à l’égard de l’Europe
Concernant sa visite en France, dans une lettre au Figaro, Xi a anticipé sa position : il a promis d’ouvrir son marché aux entreprises occidentales ; il a assuré qu’il comprenait les enjeux que représente la crise ukrainienne pour les Européens ; et il s’est dit attaché aux principes de respect mutuel et de coexistence pacifique entre les États.
Sur le premier point, rappelons que lors de la visite de Macron en Chine en 2023, des accords et contrats ont été signés pour Airbus, EDF, L’Oréal et Suez : les relations industrielles et commerciales avec Pékin tiennent à cœur à Paris, qui a enregistré une balance déficitaire de 40,8 milliards d’euros, avec des importations de 71,9 milliards et des exportations de 31,1 milliards.
Ce n’est donc pas un hasard si le chancelier allemand Olaf Scholz, lors de sa visite à Pékin le mois dernier, n’a pas stigmatisé les aides d’État dont bénéficieraient les entreprises chinoises, comme l’ont fait la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et la secrétaire d’État au Trésor américain Janet Yellen.
Ce que Paris veut vraiment
Paris doit décider si elle suit la ligne accommodante de Berlin ou celle, pointilleuse, de Bruxelles et Washington, et surtout si elle fait pression sur la première pour rendre l’UE plus autonome vis-à-vis des États-Unis et éviter des relations de plus en plus conflictuelles avec la Chine.
Sur la question de l’Ukraine, la position d’Emmanuel Macron est devenue beaucoup plus incisive que par le passé : alors qu’Antony Blinken, le conseiller américain à la sécurité nationale, a exhorté Pékin à ne pas soutenir Moscou avec des fournitures destinées à renforcer sa capacité militaire, M. Macron est allé plus loin, en avertissant que si la Russie devait dépasser encore les limites des défenses de Kiev, sa demande éventuelle de troupes terrestres en soutien devrait être prise en considération.
Si le faible taux d’approbation dans les sondages pour les élections européennes, les revers subis dans les anciennes colonies africaines et les difficultés de l’Allemagne suggèrent que Macron devrait saisir l’occasion de déplacer l’attention de l’opinion publique française vers l’échiquier international, Xi ne sera certainement pas impressionné par une telle audace verbale.