En France, avec un vote essentiellement partagé entre les trois partis de l’échiquier politique, il est difficile d’imaginer à quoi pourrait ressembler un éventuel gouvernement. Même le vainqueur du scrutin (182 sièges), le Nouveau Front Populaire de gauche, est une alliance constituée à la hâte pour contrer la montée du Rassemblement National d’extrême droite de Marine Le Pen (143 sièges).

L’alliance centriste Ensemble du président Emmanuel Macron a quant à elle obtenu 163 sièges. La paralysie politique, le poids décroissant de la France en Europe et les menaces des agences de notation, dont la plus récente est Moody’s, de réduire la note de crédit de Paris ont fait chuter l’indice du CAC40 de 1,29 % et le différentiel Oat/Bund de 63 points de base, encore loin de son sommet de fin juin à 85 points de base.

Macron renoncera-t-il au sommet de l’Otan ?

Le président Macron doit partir pour Washington ce mercredi 10 juillet, afin de participer au sommet de l’OTAN, mais selon le journal Le Figaro, ses alliés insistent sur le fait qu’il ne quittera pas l’Élysée tant que les négociations sur la formation du nouvel exécutif sont en cours. La crainte exprimée par les macronistes est que la gauche ne tente d’imposer un nom pour la direction du gouvernement, en profitant également de l’absence du président.

Le résultat des élections françaises entraînera une période de négociations d’où pourrait émerger une coalition fragile composée de partis de centre et de centre-gauche ; nous ne pensons pas que les marchés réagiront trop durement aux résultats d’hier à court terme“, souligne César Pérez Ruiz, Head of Investments & CIO chez Pictet Wealth Management.

En revanche, si les programmes d’assainissement des finances publiques présentés à Bruxelles par le gouvernement sortant ne sont pas mis en œuvre, la note souveraine de la France pourrait être abaissée à négative par les agences de notation à l’automne.

Moody’s prête à abaisser la note de la France de stable à négative

Le 8 juillet, S&P a menacé d’abaisser à nouveau la note de la France (AA-/A-1+). Et hier, 9 juillet, Moody’s a menacé de réduire la perspective de la note souveraine du pays (Aa2) de stable à négative. “L’abrogation éventuelle de la réforme des retraites et la diminution de l’engagement du gouvernement à réduire les dépenses publiques pourraient avoir un impact négatif sur la note de la France“, a averti Moody’s.

Tout dépendra des négociations entre les partis pour former le gouvernement. Sans majorité claire, “il sera certainement difficile de faire passer des lois“, indique encore l’agence de notation. Dans le même temps, une consolidation du budget par une réduction des dépenses en 2025 semble “improbable”, de même qu’une augmentation des recettes.

Étant donné que le ratio déficit budgétaire/PIB de la France est déjà le plus élevé de la zone OCDE, il est peu probable qu’un nouveau gouvernement soit en mesure d’introduire de nouvelles augmentations d’impôts. Par conséquent, “les implications fiscales du résultat des élections sont négatives pour le crédit“, a ajouté Moody’s, qui s’inquiète enfin de l’augmentation possible des coûts d’intérêt de la dette publique française. Une réduction de l’engagement du gouvernement à assainir les finances publiques pourrait accroître la pression négative sur le crédit.

Une prime de risque continuera d’être exigée pour les actifs français

Dans l’ensemble, l’équipe d’Ebury estime qu’une prime de risque continuera d’être exigée pour les actifs français, et qu’un gouvernement français fragile, moins engagé dans le contrôle du déficit budgétaire et les réformes, pourrait peser sur l’euro. “Les luttes politiques en France pourraient freiner la croissance de la monnaie commune si un parlement sans majorité conduisait à une période de négociations de coalition. Toutefois, une éventuelle majorité de droite devrait favoriser l’euro“, prévoit l’équipe d’Ebury.

Nous continuons également à nous attendre à ce que les données d’activité de la zone euro se renforcent, la publication des données préliminaires du PIB du deuxième trimestre, le 30 juillet, étant susceptible de montrer un autre trimestre de croissance positive. La BCE, quant à elle, maintiendra ses taux (réunion du 18 juillet), mais sa présidente, Christine Lagarde, laissera ouverte la possibilité d’une nouvelle baisse des taux en septembre“.