
L’année prochaine, le coût de financement des Etats sera conditionné positivement par la baisse des taux de la BCE, mais négativement par la réduction du bilan de l’Eurosystème (Quantitative Tightening ou Qt). Les gouvernements devraient réduire les déficits, comme l’exige le nouveau pacte de stabilité, mais sur ce front, l’incertitude reste élevée en raison du scénario politique, en particulier en Allemagne et en France. Le spread français en particulier a augmenté ces derniers jours pour atteindre son plus haut niveau depuis 2012, au même niveau que le spread grec à 87 points de base. L
Les estimations
Cette année, le total des emprunts en Europe bénéficiera d’une baisse des échéances d’environ 50 milliards d’euros. Les émissions à moyen et long terme diminueront légèrement mais resteront bien au-dessus des niveaux d’avant la pandémie. L’Union européenne contribuera à hauteur de 160-170 milliards de titres, un montant désormais plus proche de celui d’un grand État.
Au niveau net, les émissions à moyen et long terme tomberont à 400 milliards, mais dans l’ensemble, les marchés devront absorber plus d’offre en raison de la réduction de 350 milliards d’obligations d’État dans le portefeuille de la BCE. Par conséquent, l’offre nette totale du marché de 750 milliards atteindra un niveau record.
Les émetteurs, les investisseurs et la BCE elle-même doivent surveiller ce phénomène. La banque centrale pourrait mettre fin au resserrement quantitatif si la contraction du bilan compromettait la transmission de la politique monétaire. Cependant, cette intervention est peu probable car les futures baisses de taux soutiendront les marchés à revenu fixe.
Le poids du QT (quantitative tightening) de la BCE et l’incertitude politique
La BCE a noté dans une analyse récente qu’une réduction de 1 000 milliards d’euros du portefeuille de titres fait augmenter les taux sans risque à long terme d’environ 35 points de base (48 en Italie, 45 en Espagne, 35 en Allemagne et 34 en France).
L’emprunt net de cette année s’est avéré inférieur aux prévisions initiales, principalement en raison de déficits plus faibles que prévu en Allemagne et en Italie. Les besoins de l’année prochaine seront soumis à une incertitude considérable, non seulement en raison des perspectives économiques imprévisibles qui sont le leitmotiv depuis la pandémie, mais aussi en raison de l’environnement politique européen. L’Allemagne votera en février et le gouvernement français ne dispose pas d’une majorité solide. La politique américaine pourrait également jouer un rôle dans la détermination des politiques fiscales en Europe.