Pourquoi investir dans les obligations émergentes ?
Après les deux crises majeures, sud-américaine et asiatique, sous l’égide du FMI, les pays émergents sont “progressivement revenus à l’orthodoxie économique et financière : objectifs d’inflation, indépendance des banques centrales, règles budgétaires, garanties institutionnelles…”. L’argent gratuit a disparu. Les banques centrales sont réactives dans la maîtrise de l’inflation et les gouvernements proactifs dans leurs politiques budgétaires, même au prix d’un risque de mécontentement social”, explique le responsable. Pour les créanciers internationaux, il s’agit d’une “protection supplémentaire contre le risque de défaut”.
Selon Guillaume Riteau, “le scénario central est aujourd’hui celui de la stabilité des conditions financières américaines. Au cours de l’année, nous pourrions assister à une politique monétaire plus accommodante de la part de la FED. Les rendements de la dette souveraine des pays émergents en dollars américains sont proches de leurs plus hauts niveaux”.
Mexique : faible endettement et forte croissance grâce aux Etats-Unis
Parmi les exemples d’obligations appréciées par Gemway Assets figurent le Brésil, le Mexique, le Chili, le Pérou et la Colombie, “où les taux réels sont élevés et les spreads attractifs”. Le Mexique, peu endetté (54,7 % du PIB), présente des perspectives de croissance solides, soutenues par la délocalisation. En effet, dans le cadre de la politique américaine de réindustrialisation, les entreprises nord-américaines rapatrient leurs capacités de production… au sud du Rio Grande. Si la prochaine présidence devrait être un non-événement, les élections américaines constituent un facteur d’incertitude à surveiller”.
Avec un taux de référence de 11,25 %, Banxico (Banque centrale) mène une “politique monétaire restrictive alors que l’inflation est maîtrisée à 4,9 %. Le potentiel de réduction des taux est donc important et le Mexique pourrait ne pas attendre la Réserve fédérale. Nous avons dans le fonds des obligations d’État à 10 ans en dollars qui offrent un rendement de 6,0 % et des obligations à 7 ans en monnaie locale qui offrent un rendement de 9,2 %“.
Les rendements de la dette sud-africaine sont supérieurs à 11 %
Le continent africain est une autre zone où le gestionnaire français trouve des opportunités d’investissement. “La Côte d’Ivoire, bon élève de l’Afrique en termes de réformes structurelles, faiblement endettée (57% du PIB), a une croissance forte (6,6% attendu en 2024), avec une inflation de 2,3%. Le FMI a accordé un financement de 3,5 milliards de dollars sur 40 mois. Nous détenons dans notre fonds GemBond des obligations d’État à 10 ans en dollars offrant un taux de rendement de 8,1 %, soit un écart de 380 points de base par rapport au T-bond américain.
L’Afrique du Sud est un autre exemple d’orthodoxie dans la gestion du policy mix. Le taux de référence est de 8,25% pour un indice des prix de 5,3%. La banque centrale dispose d’une marge de manœuvre pour réduire ses taux. Les obligations d’Etat représentent une bonne opportunité. Le rendement à 8 ans en dollars est de 7,6 % avec un écart de 324 points de base. Le rendement à 8 ans en monnaie locale est de 11,1 % et net de couverture de change de 8 %, soit un écart de près de 400 points de base par rapport à l’US’.
Dans le contexte actuel, conclut M. Riteau, le marché de la “dette émergente en devises fortes apparaît comme une proposition d’investissement pertinente pour les investisseurs européens, avec un rendement attendu de 6% par an en euros couvert contre le risque de change (7,5% en dollars) et un niveau de risque modéré sur l’horizon d’investissement recommandé (3-5 ans)”.