La conquête silencieuse du monde par la Chine se poursuit. Comme le révèle le Financial Times, Goldman Sachs a utilisé un fonds d’État chinois pour acheter une série de participations dans des entreprises américaines et britanniques. Parmi celles-ci, une société spécialisée dans la sécurité informatique, qui compte notamment parmi ses clients le gouvernement britannique, figure en bonne place.

La célèbre banque d’investissement américaine a récemment conclu sept transactions en utilisant des fonds provenant d’un partenariat avec un fonds d’investissement privé créé il y a six ans en collaboration avec la China Investment Corporation (CIC), selon des sources du journal britannique. Le fonds en question gère des ressources de 2,5 milliards de dollars (2,3 milliards d’euros).

La Chine achète des entreprises américaines et britanniques via Goldman Sachs

Parmi les entreprises dans lesquelles la Chine est entrée par le biais des opérations de Goldman Sachs figurent une société produisant des systèmes d’intelligence artificielle, des batteries pour voitures électriques et des drones, une société de conseil dans le secteur de l’informatique en cloud et une start-up opérant dans le système de passation de marchés à l’échelle mondiale.

Comme l’a souligné le Financial Times, la banque d’investissement américaine a bien indiqué qu’elle avait procédé à ces transactions, mais n’a pas précisé comment elles avaient été financées, au moins en partie, par le fonds d’État chinois.

Dans un Occident de plus en plus attaché à contrôler les investissements directs en provenance de l’étranger, et notamment de la Chine, l’opération de Goldman Sachs a au contraire permis au Dragon Rouge d’accumuler, de manière indirecte, des participations dans des entreprises opérant dans des secteurs hautement stratégiques. Selon la banque, CIC (China Investment Corporation) est un “investisseur d’ancrage” au sein du fonds et joue un rôle actif en aidant les entreprises acquises à se développer en Chine.

De nombreuses acquisitions

Dans ce contexte, sans se préoccuper des tensions croissantes entre les États-Unis et la Chine, Goldman a intensifié ses opérations par l’intermédiaire du fonds susmentionné, réalisant quatre acquisitions en 2021 – y compris l’achat de la société britannique LRQA, qui opère dans les secteurs de l’aérospatiale, de la santé, de la défense et de l’énergie – et une l’année dernière. Une division de LRQA, Nettitude, opère dans la cybersécurité sous licence du gouvernement britannique et se spécialise dans le “piratage éthique”, par lequel l’entreprise tente de pirater les systèmes de ses clients pour évaluer leurs vulnérabilités.

Dans ces acquisitions, Goldman Sachs et le fonds de CIC ont investi conjointement avec des fonds privés distincts gérés par la banque, ce qui signifie que la participation financière de la Chine est encore relativement faible.

Le fonds d’État chinois China Investment Corporation (CIC) a été créé en 2007 pour gérer des actifs d’investissement et s’enorgueillissait d’actifs d’une valeur de 1,35 trillion USD en 2021. Près de la moitié de son portefeuille mondial était investi dans des actifs alternatifs tels que le capital-investissement.

Le fonds d’investissement de Goldman Sachs n’est qu’un des nombreux “fonds bilatéraux” que la CIC a mis en place avec des groupes d’investissement internationaux pour conclure des transactions dans leurs pays d’origine, contribuant ainsi à accroître l’expansion chinoise dans les entreprises occidentales.