En effet, l’analyse de S&P souligne qu’après une série de dégradations liées aux incertitudes fiscales et politiques au début de l’année, aucun pays européen n’a vu ses perspectives se dégrader.En particulier, la France a vu sa note baisser en raison de l’instabilité interne, tandis que l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie ont été pénalisées par les risques géopolitiques et les pressions économiques. Un tableau qui, malgré les difficultés, marque une stabilité retrouvée pour le Vieux Continent.
Parmi les notes assorties d’une perspective positive, les performances des économies européennes les plus petites et les plus dynamiques se distinguent. Des pays comme Chypre, la Grèce, l’Irlande, le Portugal et la Slovénie, mais aussi Andorre, l’Autriche, la Bulgarie et la Croatie, bénéficient d’une phase de forte croissance et de désendettement, avec des excédents budgétaires qui se consolident.
Cette croissance est largement alimentée par de fortes exportations de services, dont le tourisme, qui ont contribué à l’amélioration des finances publiques. En particulier, la note de Chypre a récemment été relevée à A-/Stable, tandis que la Grèce, l’Irlande et le Portugal récoltent les fruits des réformes. La Slovénie, quant à elle, continue d’afficher des performances supérieures à celles de ses pairs, ce qui laisse entrevoir une marge d’amélioration supplémentaire. La Croatie, elle aussi, a amélioré sa flexibilité monétaire et renforcé ses institutions économiques avec l’adoption de l’euro.
2025 sera une année cruciale pour l’Europe
Malgré un biais positif pour certaines économies, S&P indique que les avantages et les risques sont équilibrés, en particulier sur une base pondérée du PIB, en raison des défis structurels et cycliques qui continuent de peser sur les perspectives de croissance du continent. Ainsi, 2025 s’annonce comme une année cruciale pour l’Europe, avec une reprise économique modérée dans la zone euro et au Royaume-Uni, soutenue par les dépenses des ménages et la baisse des taux d’intérêt.
Cependant, l’incertitude des prévisions reste élevée, avec les impacts possibles des nouveaux dirigeants politiques mondiaux sur les politiques fiscales et commerciales. En particulier, une éventuelle guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine pourrait affecter la croissance de la zone euro, l’augmentation des droits de douane américains pouvant réduire le PIB de la zone euro de 0,2 %.
Les grands pays sont confrontés à des défis plus difficiles
Entre-temps, la Banque centrale européenne (BCE) poursuit sa politique monétaire accommodante pour soutenir la croissance de la zone euro, bien que la politique budgétaire devienne plus restrictive, en particulier pour les grands pays comme la France et l’Italie, qui éprouvent des difficultés à atteindre leurs objectifs d’assainissement budgétaire.
En France, l’absence de mandat fort du gouvernement Bayrou pour réduire les dépenses publiques élevées signifie que l’important besoin de financement net du pays sera réduit très lentement. L’Allemagne, quant à elle, est à la croisée des chemins. Avec une croissance stagnante et un cadre fiscal rigide, le gouvernement qui émergera des élections du 23 février 2025 devra trouver les moyens de recalibrer la politique économique.
En Italie, l’objectif d’assainissement annuel de 0,5 % du PIB pour les sept prochaines années risque de s’effondrer sous le poids des pressions politiques et économiques intérieures.
Les économies du sud de l’Europe, nouveaux moteurs de la croissance
En revanche, les économies du sud de l’Europe, comme celles de Chypre, de la Grèce, du Portugal et de l’Irlande, continuent d’apparaître comme des moteurs de croissance, grâce à des politiques budgétaires plus solides et à la poursuite de la réduction de la dette. En particulier, l’Espagne, malgré une politique intérieure fragmentée, a enregistré de solides performances économiques et est parvenue à réduire sa dette