Le risque de paralysie politique en France est réel. Lors du second tour des élections législatives du dimanche 7 juillet, la forte participation (plus de 67%) et l’effort conjoint des partis politiques et de leurs électeurs pour minimiser la possibilité d’une victoire du parti d’extrême droite, le Rassemblement national, ont modifié l’ordre des partis d’une manière sans précédent par rapport au premier tour.

Le RN et ses alliés, qui l’avaient largement emporté au premier tour, sont arrivés en troisième position avec 143 sièges sur un total de 577, ce qui est inférieur aux prévisions des sondages. Toutefois, le parti de Marine Le Pen a obtenu 50 sièges de plus que lors des élections législatives de 2022, ce qui a incité la présidente, Marine Le Pen, à affirmer que le résultat des élections confirmait sa conviction qu’une victoire de l’extrême droite n’était que retardée.

La coalition de gauche du Nouveau Front Populaire (NFP) est devenue la force parlementaire la plus importante avec 182 sièges, tandis que la coalition centriste du président Emmanuel Macron, Ensemble, a limité ses pertes en obtenant 168 sièges (elle en avait obtenu 245 en 2022).

Parlement divisé, incertitude politique et toujours de la volatilité sur les marchés, mais pas d’effondrement

Le fait qu’aucun parti n’ait remporté la majorité soutient notre scénario de base d’un parlement sans majorité, dans lequel la fragmentation politique sera plus prononcée que par le passé et pourrait, par conséquent, aggraver l’impasse qui a prévalu au cours des deux dernières années.

Cette situation sans précédent durera au moins un an, car la constitution empêche le président de dissoudre le parlement avant cette date. Les négociations politiques pour sortir de l’impasse risquent d’être longues et tendues, d’autant plus que le NFP, qui sort des élections dans une position relativement plus forte, est une coalition de partis aux idéologies politiques différentes.”

Les résultats extrêmes ont été évités et, d’un point de vue européen, ce résultat est probablement aussi proche que possible du maintien de la situation actuelle, mais les perspectives restent, à notre avis, complexes. On ne sait toujours pas quel gouvernement pourrait émerger et quelle serait sa stabilité. La principale conclusion est que le parlement est profondément divisé, ce qui introduira de l’incertitude sur la situation politique à court terme.

Il est peu probable que l’écart entre l’OAT et le Bund varie fortement

Les obligations d’État françaises, l’Oat, ont regagné du terrain la semaine dernière, reflétant l’optimisme des investisseurs qui pensaient qu’une suspension du Parlement empêcherait le Rassemblement national de mettre en œuvre des politiques extrêmes. Le spread Oat-Bund à 10 ans a clôturé la semaine à 67 points de base, au-dessus des 55 points de base d’avant les élections européennes, mais en dessous du pic de 82 dans la semaine précédant la fin du mois de juin, au plus haut depuis la crise de la zone euro de 2012, les investisseurs craignant qu’une majorité d’extrême droite puisse conduire à la mise en œuvre de politiques de dépenses élevées.

Aujourd’hui, 8 juillet, il tombe à 61 points de base, le rendement de l’Oat à 10 ans s’établissant à 3,16 %. “Bien que le résultat du second tour des élections ait donné lieu à un parlement sans majorité, il est différent de ce que les investisseurs attendaient vendredi, la coalition de gauche devant remporter le plus grand nombre de sièges et l’extrême-droite ayant obtenu des résultats inférieurs à ceux escomptés. La fragmentation politique risquant d’être particulièrement prononcée, les investisseurs auront besoin de temps pour voir quel gouvernement sera formé et ce que cela signifiera en termes de choix de politique économique, notamment en termes de dépenses. Cela laisse présager une sous-performance modérée de l’avoine, les marchés n’aimant pas l’incertitude. Cependant, il est peu probable que des mouvements importants se produisent, étant donné que l’impasse est susceptible d’empêcher la mise en œuvre de politiques fortement orientées“, prédisent les experts.

L’euro dans la fourchette étroite de 1,07-1,09

En ce qui concerne les devises, bien que le taux de change euro/dollar ait initialement baissé après le résultat du vote (aujourd’hui, 8 juillet, il s’échange à 1,083, +0,28 %), il devrait rester dans la fourchette étroite de 1,07-1,09 à mesure que le marché assimile la situation. “Nous restons longs sur le cross euro/franc suisse, visant 1,00 d’ici la fin du mois d’août”, suggèrent les experts.