On a souvent tendance à considérer les investissements dans la technologie comme un bloc unique, regroupant les entreprises des réseaux sociaux, du matériel, des logiciels, des puces et de la cybersécurité. Mais il existe une niche dans ce macro-ensemble, qui présente d’ailleurs toutes les caractéristiques d’une mégatendance d’investissement, et qui reste parfois un peu sous le radar : la robotique.

Un sous-secteur qui, selon les experts, aura une influence décisive sur l’ensemble de l’industrie du futur, mais qui sera également (et parfois déjà) décisif dans d’autres domaines, tels que la médecine et la chirurgie de précision. Et surtout, un marché en croissance exponentielle : la société d’études de marché Precedence Research a estimé que le marché mondial de la robotique valait 82 milliards de dollars à la fin de 2023, mais devrait atteindre plus de 280 milliards en 2023. Cela représenterait un taux de croissance annuel composé de 14,7 %.

Investir dans la robotique avec des fonds et des ETF

Si tels sont les chiffres, il est presque automatique que la mégatendance attire les grandes maisons de gestion, qui ont décidé de la protéger avec des fonds dédiés et des ETF. Le tableau proposé par Fida, regroupe huit compartiments de gestion dédiés, qui enregistrent une performance moyenne de 8,8 % en 2024, passant à 25,5 % sur un horizon annuel (avec des pics à plus de 32 %) et glissant plutôt à 0,8 % sur une perspective de trois ans.

Entre les deux, il ne faut pas oublier qu’il y a eu l’année 2022 : une période noire pour l’ensemble du monde de la technologie. Parmi les titres des différents segments, il y a « plus d’éléments communs que dans d’autres catégories de produits, ce qui indique un panier de titres large mais plutôt bien défini », commente Monica Zerbinati, analyste financière.

Quelques exemples connus : « Tesla, qui, outre la production de véhicules électriques, a récemment intensifié le développement de robots humanoïdes » ; ou Amazon, qui « a réalisé d’importants investissements dans l’automatisation et la robotique pour ses centres de distribution » ; ou Intuitive Surgical, qui a développé un système « permettant aux médecins de réaliser des opérations chirurgicales peu invasives, adopté par les hôpitaux du monde entier », énumère l’experte.

Les valeurs à surveiller

Pictet Am

Pictet Am aborde la classe d’actifs avec son fonds Robotique, qui gagne 11,9% en 2024 et plus de 32% sur un horizon annuel. Bien que le compartiment ait légèrement sous-performé son indice de référence ces dernières semaines, l’équipe de gestion reste « optimiste sur les positions du portefeuille au vu des fondamentaux solides des entreprises et des valorisations relativement favorables ».

« La fin des années 2024 et 2025 pourrait également « marquer la résurgence de l’activité m&a », commentent les gestionnaires, qui citent « les acquisitions de DarkTrace par Thoma Bravo et de la division informatique pour utilisateurs finaux de Vmware par Kkr ». En ce qui concerne l’activité, les gestionnaires de fonds ont été très actifs au cours du troisième trimestre. « Nous avons acheté des actions de Lam Research, Micron Technology, Tokyo Electron, Asml, Kla et Informatica. En revanche, nous avons vendu Siemens, Salesforce et Microchip Technology, et liquidé des positions dans Autodesk, UiPath et Synopsys ».

L’un des premiers fonds spécialisés appartient à La Financière de l’Echiquier : Echiquier Robotics, créé en 2015. Il a fait +29,9% depuis le début de l’année et est géré par Stéphane Nières-Tavernier et Christophe Pouchoy.

Le lien avec les puces…

Yan Taw Boon, responsable de la thématique Asie chez Neuberger Berman, croit également au secteur et souligne le lien étroit entre le secteur de la robotique et celui des semi-conducteurs, « l’épine dorsale de la robotique et de l’automatisation, alimentant les processeurs et les capteurs qui alimentent l’intelligence et la fonctionnalité des robots ».

Outre les puces, le gestionnaire de fonds s’intéresse aux sous-secteurs impliquant la « création d’infrastructures d’IA, par exemple les réseaux à haut débit et la gestion de l’énergie, le matériel d’IA de pointe et les logiciels pour le cloud ». Il recherche également des opportunités « à travers la structure de capitalisation du marché, en mettant l’accent sur les joyaux cachés dans l’espace des petites et moyennes capitalisations » et le « triangle d’or de l’industrie asiatique des semi-conducteurs : Taïwan, le Japon et la Corée ».

…et le vieillissement de la population

La robotique est également inextricablement liée à d’autres mégatendances, comme celle du vieillissement de la population. C’est ce qu’explique Brice Prunas, gérant du fonds Oddo Bhf Artificial Intelligence, qui, malgré son nom, investit également dans des valeurs robotiques. « Nous ne doutons pas que les robots humanoïdes seront adoptés à grande échelle, et notre conviction repose sur deux facteurs principaux ».

« Premièrement, le vieillissement global de la population, qui entraînera une réduction de la main-d’œuvre disponible : les rôles qui ne peuvent être remplis par des humains conviendront naturellement aux robots humanoïdes ».

Deuxièmement, « la croissance des investissements et la diffusion des robots humanoïdes, qui, en Chine, sont soutenus par des plans des autorités publiques ». Quelques produits à surveiller ? « Optimus, construit par Tesla, Asimo par Honda, Atlas par Boston Dynamics, Digit par Agility Robotics, Ameca par Engineered Art », conclut le responsable.