Remboursement des entretiens avec les psychologues : pourquoi cela ne passe pas ?
Depuis des années, les professionnels se battent pour un remboursement des séances de psychologie, au même titre que les rendez-vous médicaux classiques. Emmanuel Macron, avait annoncé sa volonté de le faire, arguant qu’il était important de prendre en considération aussi bien la santé du corps que celle de l’esprit. Mardi dernier, le remboursement des dites séances était bien au rendez-vous mais avec des conditions qui ne sont pas acceptables par les psychologues et qui risquent, au final, de pénaliser certains patients.
Que disait l’annonce du Président de la République ? Que les séances, au nombre de 8, devaient faire l’objet d’une prescription médicale. Ce point ne porte pas à débat, encore qu’il faille, pour la personne en souffrance, oser s’en ouvrir à un médecin de famille, ce qui n’est pas toujours évident. Ces séances s’adressent bien entendu à des troubles légers ; le but largement avoué étant de désengorger les urgences psychiatriques pour qu’elles puissent s’occuper des cas les plus graves ; mais ces 8 séances pourraient, au besoin, être renouvelées, décision prise par le médecin traitant, avec peut-être l’aval du psychologue, par courrier interposé à son confrère.
Autre volonté : que les personnes aient moins de réticence à consulter quand elles ne se sentent pas bien, du fait du prix des séances et de l’absence de remboursement.
Quels sont les deux problèmes soulevés par les professionnels ?
Pourtant, c’est surtout au niveau du plafond du prix des séances que les psychologues ne sont pas d’accord. La première session a pour vocation de connaitre la personne et d’identifier son mal-être. Elle est en général un peu plus longue. Les autres séances sont toujours, peu ou prou, de la même durée. Or, pour la séance de bilan (la première), le thérapeute ne pourrait demander que 40 euros et 30 euros pour les suivantes.
Un vrai problème sachant que les psychologues en libéral demandent un tarif oscillant plutôt autour de 60 euros, soit le double. Exerçant une profession libérale et étant donc à leur compte, leurs charges (cotisations sociales) sont énormes, surtout s’ils doivent en plus s’acquitter d’un loyer pour un local ce qui est souvent le cas. Sur le tarif demandé, 50% parfois partent dans ces différentes charges.
Le syndicat national des psychologues s’insurge et parle d’ores et déjà d’une « psychologie à deux vitesses » entre les personnes aisées qui s’offriront les séances, quitte à ne pas se faire rembourser, pour aller mieux, et les autres.
Quant aux professionnels qui pourraient accepter cette proposition, ce sont certainement ceux qui viendraient d’obtenir leur diplôme et par conséquent, n’ont pas encore constitué de clientèle. Assujettis aux mêmes cotisations sociales, d’entrée de jeu, le gouvernement les condamne à la précarisation. Une fausse bonne nouvelle, donc, sauf si le Gouvernement décide de revoir sa copie.