L’attente est presque terminée : Nvidia publiera ses comptes du deuxième trimestre fiscal aujourd’hui, 28 août 2024, à la fermeture des marchés. Les attentes à l’égard du géant des puces, qui a enregistré une croissance de plus de 200 % au cours des trois derniers trimestres, sont élevées. Peut-être trop, selon les analystes de Bank of America (BofA).

L’avertissement de BofA

La banque d’investissement prévient que tout élément décevant, aussi minime soit-il, dans les performances de l’entreprise pourrait avoir un effet d’entraînement sur les indices boursiers. En effet, Nvidia a été jusqu’à présent la locomotive du S&P 500 : depuis le début de l’année 2024, le titre a progressé de plus de 150% contre une moyenne de 18% pour l’indice.

Selon les calculs de BofA, le S&P 500 doit environ cinq points de pourcentage de son rendement précisément à Nvidia. « Ne sous-estimez pas les bénéfices de Nvidia, un moteur constant des rendements du S&P 500 et un risque en cas de déception », écrit la banque dans une note. Les analystes soulignent que la réaction de l’action Nvidia aux résultats est étroitement liée à la performance du S&P 500 au cours des deux prochaines semaines. D’où la nécessité de ne pas prendre à la légère l’hypothèse que Nvidia ne puisse plus croître suffisamment pour répondre aux attentes.

Nvidia est en passe de doubler son chiffre d’affaires

Les estimations prévoient que Nvidia enregistrera une augmentation de ses revenus d’une année sur l’autre d’environ 112 %, c’est-à-dire qu’elle fera plus que doubler son chiffre d’affaires d’il y a un an pour atteindre 28,68 milliards de dollars (données Lseg au 23 août). Toutefois, la marge d’excédent brut d’exploitation ajusté pourrait tomber à 75,8 %, soit une baisse de plus de trois points de pourcentage par rapport au premier trimestre, en raison des coûts liés à l’augmentation de la production pour répondre à la demande croissante.

Au cours du premier trimestre fiscal, l’entreprise a dépassé les attentes, ses revenus ayant plus que triplé et son bénéfice net ayant été multiplié par sept en l’espace d’un an. Cependant, aucune course n’est éternelle et les analystes préviennent de ne pas sous-estimer un éventuel ralentissement physiologique, qui pourrait avoir l’effet d’un réveil brutal sur les marchés.

BofA suggère aux investisseurs de se protéger en achetant des options de vente sur le S&P 500 avant la publication des résultats trimestriels du géant des puces.

La bouée de sauvetage des options de vente

Les options de vente confèrent à leur détenteur le droit (mais non l’obligation) de vendre une quantité déterminée d’un actif sous-jacent (une action ou un indice) à un prix prédéterminé dans un délai donné. En cas de baisse du sous-jacent, les options de vente constituent donc une arme précieuse pour se protéger et réaliser des gains. L’équipe de BofA Global Research, en particulier, conseille aux investisseurs de choisir des options de vente sur le S&P 500, plutôt que sur l’action Nvidia, parce qu’elles sont moins chères et offrent également une couverture plus large.

Nvidia est-elle devenue trop grosse ?

Le fabricant de puces est l’exemple le plus macroscopique du boom de l’intelligence artificielle et de la fièvre qui l’accompagne sur les marchés. « Les marchés financiers sont en proie à l’enthousiasme des investisseurs pour l’intelligence artificielle et cette frénésie ne montre aucun signe d’apaisement », note Chris Buchbinder, gestionnaire de portefeuille chez Capital Group.

« Toutefois, nous prévoyons qu’à un moment donné au cours des 12 à 24 prochains mois, nous atteindrons une zone de désenchantement, où la croissance s’arrêtera. Même si l’IA répond aux attentes les plus optimistes, les investisseurs risquent de perdre pas mal d’argent en cours de route. »