Inflation et taux d’usure : les deux explications à la hausse des taux immobiliers
Tous les français ressentent amèrement l’inflation à chacun de leurs achats. Si le pouvoir d’achat est en berne, cette tendance inflationniste a une incidence sur la hausse des taux demandés par les banques. Celles-ci font face à des taux directeurs ; soit les taux auxquels la BCE prête de l’argent aux établissements bancaires ; en hausse également. Ils n’ont pas d’autre choix que de le répercuter sur les taux d’intérêts demandés pour les prêts immobiliers.
Il y a un an, pour un prêt sur 20 ans ; ce que l’on considère comme la moyenne en France ; une personne ou un ménage avec un bon dossier pouvait prétendre à un taux à 0,99%. En novembre 2022, on a bel et bien franchi la barre des 2%. Cela ne s’était pas vu depuis 7 ans. Pour les prêts très longs (25 ans) pour lesquels les banquiers sont de plus en plus regardants, par rapport au risque de non-remboursement, il peut même aller jusqu’à 2,17%.
Pourtant, alors que les prêts longs représentent plus de risque pour les banques, elles n’hésitent pas à les proposer (ou les courtiers, lors de l’établissement du plan financier), pour compenser la hausse des taux, mais aussi la valeur des biens immobiliers qui a connu, elle aussi une forte croissance.
Conséquence : pour pallier le risque, les banques exigent désormais un apport personnel de plus en plus élevé et impossible pour elles de dépasser le seuil fatidique des 35% d’endettement qui incluent le montant de l’assurance emprunteur.
Bien entendu, les plus optimistes rappellent que la France a connu des taux plus hauts encore. Mais depuis, il y a eu le Covid-19, les confinements et les prises de conscience des français. Beaucoup, à l’heure actuelle, n’ont pas encore pu matérialiser leur envie de déménager pour plus grand, pour plus loin, à la campagne, avec l’essor du télétravail. Ils se demandent s’ils le pourront un jour, au vu de la conjoncture.
Bien sûr, cette inquiétude est surtout ressentie par les ménages aux revenus moyens et les primo-accédants. Est-ce que les courtiers ; eux aussi impactés dans leur pratique par la hausse des taux, ont de bonnes nouvelles à ce sujet, concernant 2023 ?
Sera-t-il possible d’acheter en 2023 ?
Certains courtiers interrogés, au regard des tendances au niveau de l’immobilier et des banques craignent que la situation empire l’année prochaine. Il est, selon eux, fort probable que les taux continuent d’augmenter pour atteindre jusqu’à 3% ; sachant qu’ils évoquent là une moyenne, toujours sur une durée de 20 ans. Comment expliquer cela ? Tout simplement à cause du taux d’usure. Il correspond au taux maximum autorisé pour prêter aux ménages et ce, pour éviter les dérives des banques.
C’est la Banque de France qui en a la charge et le taux d’usure est actuellement à 3,05%. Il est certain qu’entre les taux actuellement pratiqués et le taux d’usure, la marge est faible pour les banques. La Banque de France pourrait décider de l’augmenter en janvier prochain ; ce qui serait en faveur des candidats à l’achat, mais pas forcément des banques. Le secteur bancaire pourrait voir sa stabilité financière ébranlée.
Beaucoup s’élèvent contre la façon dont il est calculé et surtout, la fréquence à laquelle il est révisé. Ils souhaiteraient un taux d’usure modulable, qui fluctuerait tous les mois et ce pour correspondre plus fidèlement à la réalité du marché. Pourtant, si la France semble dans une situation difficile et si certains professionnels pensent que les 3% pourraient être non seulement atteints, mais dépassés, dans le courant de l’année prochaine, c’est sans commune mesure avec ce qui se passe aux Etats-Unis.
Les américains qui veulent acheter doivent composer avec des taux…de plus de 7%. Pouvons-nous aller jusque-là ? Il faut espérer que non et certains indicateurs laissent à penser qu’après la hausse de 2023, les taux pourraient au contraire redescendre. C’est à espérer pour de nombreux français.