Titre de séjour « métier en tension » : qu’est-ce que c’est ?
En fonction des partis politiques, l’immigration est vue comme une chance pour le pays ou une plaie. Alors qu’Emmanuel Macron vise le plein emploi à la fin de son quinquennat, toutes les occasions sont bonnes pour y parvenir, notamment en solutionnant le problème des secteurs en tension. Pour rappel, cela concerne le bâtiment, le secteur de l’hôtellerie restauration, le secteur médical et social etc…
Pour les employeurs, la situation est compliquée : la reprise économique est bien réelle, les carnets de commandes sont pleins, mais ils n’arrivent pas à trouver de candidats répondant à leurs offres d’emploi. Les causes généralement évoquées sont une trop basse rémunération, des conditions de travail difficiles, dont la pénibilité et des horaires parfois décalés.
Or, les français souhaitent avant tout désormais privilégier leur confort de vie, au détriment, parfois d’un salaire plus élevé, selon certaines études ou analyses de sociologues. Comment répondre à ces employeurs qui ont besoin de main d’œuvre ? Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et Olivier Dussopt, ministre du Travail pensent avoir la solution : mettre en place un titre de séjour « métier en tension » pour recruter des personnes étrangères arrivant sur le territoire français de manière irrégulière.
Comme le taux de travailleurs immigrés (13%) fait face à celui du chômage qui est, quant à lui de 7,5%, il n’est pas difficile d’y voir une solution toute trouvée.
Comment fonctionnerait le titre de séjour « métier en tension » ?
Beaucoup de questions se posent à propos de ce projet de loi. Comment serait demandé ce fameux titre de séjour ? Cela serait le fait de l’étranger en situation irrégulière lui-même qui devrait affirmer vouloir travailler dans un secteur en tension pour l’obtenir, sans passer par l’employeur directement. Pourquoi cette précaution ? Tout simplement parce qu’il y a déjà des entreprises qui utilisent ce personnel de manière illégale et que le gouvernement ne souhaite pas empirer les choses. Il ne veut pas non plus que des employeurs peu scrupuleux y voient là une opportunité de profiter d’un statut indéfini.
Bien entendu, les organisations qui seront en charge d’accorder ou non ce titre de séjour particulier ne se contenteront pas d’une simple demande et seront tenues d’approfondir le questionnement en demandant à la personne en situation irrégulière quels efforts elle fournit pour accéder au logement, par exemple, si les diplômes ou l’expérience qu’elle possède fait l’objet d’une reconnaissance en France etc… Les employeurs intéressés par cette main d’œuvre auraient eux aussi un rôle à jouer, notamment pour faciliter l’intégration de leurs nouveaux salariés. Ces derniers devraient suivre des cours de français sur leur temps de travail.
Le gouvernement entend notamment proposer cela dans le domaine du bâtiment, mais l’hôtellerie restauration et d’autres métiers sont dans les listes, avec d’autres pistes pour élargir les possibilités d’accéder à l’emploi pour ce type de population. Des conventions sont à initier avec le Maroc ou la Tunisie pour faire venir des saisonniers. Pour la personne étrangère en situation irrégulière, le bénéfice est pluriel. Sa situation est régularisée, il peut compter sur un salaire et donc à priori, pourra trouver un logement et aura la protection sociale.
Les employeurs pourraient trouver plus rapidement de la main d’œuvre. Ce projet, cependant, fait parfois grincer des dents et des opposants du gouvernement en place y voient une autre manière d’aggraver le problème migratoire.
Leur argument est clair : selon des études, l’embauche de salariés étrangers pèse sur la stagnation des salaires. Ils en veulent pour preuve que quand les frontières se sont fermées à cause de l’épidémie de Covid-19, certains pays ont revu les salaires à la hausse jusqu’à 20%. Cette proposition fera l’objet de débat dans le cadre du vote sur la loi sur l’immigration, voulue par le Président Macron.