Parmi les points clés de ce plan figurent l’achat conjoint d’armes avec des exemptions de TVA pour les pays membres et un nouveau plan d’investissement (Edip) visant à augmenter les fonds pour la production “en interne” d’équipements militaires. L’objectif du plan – d’une valeur de 1,5 milliard d’euros jusqu’en 2027, avec la Banque européenne d’investissement dans le rôle de pivot – est d’augmenter la production européenne en évitant les achats hors UE, qui ont augmenté de 75 % au cours des deux dernières années, 68 % des commandes aboutissant de l’autre côté de l’Atlantique.
Pas d’euro-obligation, mais l’hypothèse de la reprise demeure
Compte tenu du scepticisme proverbial de Berlin à l’égard de l’émission de nouvelles dettes, le projet ne fait aucune référence à la possibilité d’émettre des euro-obligations, que le président français Emmanuel Macron a redoutée ces dernières semaines. En arrière-plan reste donc l’idée, réitérée la semaine dernière par Breton lui-même, de lancer une sorte de nouvelle relance de la défense de 100 milliards de subventions pour les industries européennes de l’armement.
La nouvelle stratégie européenne, qui vise à aller au-delà des mesures à court terme lancées jusqu’à présent (notamment les programmes Edirpa, 300 millions de remboursements partiels pour des achats en commun, et Asap, 500 millions pour la fabrication de missiles pour Kiev), pourrait déjà faire l’objet du Conseil de l’UE prévu les 21 et 22 mars à Bruxelles.
Un commissaire européen à la défense ?
Le thème de la défense commune est très cher à la présidente sortante de la Commission : dès la Conférence de Munich sur la sécurité, mi-février, Mme von der Leyen avait annoncé son intention de mettre en place un nouveau commissaire ad hoc en cas de reconduction à la tête du Berlaymont. Une nouveauté absolue pour l’Union, alors que les noms du Premier ministre estonien Kaja Kallas et du ministre polonais des Affaires étrangères Radek Sikorski sont déjà évoqués.
L’Estonie et la Pologne : deux pays dangereusement proches de la Russie, qui est revenue effrayer les anciennes républiques soviétiques avec une nouvelle agression qui, après l’Ukraine, pourrait désormais concerner la Transnistrie. Un épouvantail, celui de l’avancée de Moscou, qui a conduit la Suède et la Finlande à abandonner leur neutralité historique pour rejoindre la Norvège sous le parapluie de l’OTAN.